Sur l’habitation Vye Kay, dans les hauteurs de la Grande Rivière du Nord, est né dans la  géhenne coloniale de Saint-Domingue un enfant prénommé Jean-Jacques, qui a hérité du statut  d’esclave de ses parents. Son premier maître Henry Duclos lui a infligé un traitement inhumain,  contrairement au second, du nom de Janvier Dessalines, qui l’a mieux traité, l’a affranchi et lui  a appris le métier de charpentier. C’est de ce dernier dont il tenait son nom définitif : Jean Jacques Dessalines. Cet esclave allait devenir un prodige militaire, l’immortel Fondateur de  l’indépendance haïtienne, le premier Citoyen du premier État noir libre des Amériques, puis  du premier Empire d’Hayti. En dépit des controverses, la plupart des historiens s’accordent  sur le 20 septembre 1758 comme date de naissance de Dessalines.  

 

Son rêve d’un État libre, souverain et prospère semble être enterré avec lui, dès le parricide du 17 octobre 1806. Aujourd’hui, Haïti ressemble à un pays en état de guerre. Non seulement  tous les indicateurs socio-économiques et environnementaux sont au rouge, mais aussi nous  perdons presque tous nos espaces de liberté et de souveraineté, notamment le contrôle de  notre tête, de notre ventre, de notre poche, de notre politique, de notre territoire et de nos  ressources, voire notre identité et dignité au point de ne pas reconnaître qui nous sommes  vraiment.  

 

Dans cette galère, le nom de Dessalines devient un leitmotiv pour engager la lutte sur plusieurs  fronts. Nous pensons bien connaître l’ennemi et que nos problèmes se résument aux difficultés  que nous éprouvons au quotidien. Mais, en vérité, celles-ci ne sont que l’arbre qui cache la  forêt. C’est plutôt l’ennemi caché qui doit être avant tout bien identifié et qui doit devenir  notre véritable cible. Si l’ennemi à combattre est l’autre, fort souvent il est aussi des nôtres et mieux encore il est en nous : notre infantilisme, notre comportement de résigné, de soumis,  de dépendant, de complice, de traître et de lâche, enfin notre indifférence, etc. N’est-ce pas  Albert Einstein qui a dit : « Le monde ne sera pas détruit par ceux qui font le mal, mais par ceux  qui les regardent sans rien faire ». 

 

Il faut agir maintenant. Mais, avant d’entrer en action, une tâche cruciale à accomplir est de  bien connaître l’ennemi, d’avoir un objectif clair, bien compris de tous les partisans, et une  stratégie mûrement réfléchie. Fort de cela, le travail de la Sosyete Lakou Dessalines ambitionne  de bâtir des Lakou et forteresses vertes, comme des lieux d’enracinement où règnent le souci  du commun et la citoyenneté, en vue d’aboutir d’ici 2054 à une nouvelle Haïti libérée, prospère  et verte ; une étape intermédiaire importante vers 2104.  

 

Fondée à Vallue, le 2 mai 2024, soit 224 après le passage de Dessalines sur cette habitation (2  mai 1800, selon Thomas Madiou), et après 6 mois de fructueuses réflexions entre ses fondateurs  tant de Vallue que d’ailleurs en Haïti et à l’étranger, la Sosyete Lakou Dessalines organise du  8 au 21 octobre 2024 un premier évènement d’hommage à Dessalines, par une Dizaine de  prières pour réparer une injustice spirituelle, et le lancement officiel du concept Dessalines Le Grand qui constitue son socle de travail, à travers 4 types d’environnement : mémoriel,  physique, social et économique dans une perspective souverainiste. 

Bonne journée de célébration de l’anniversaire de la naissance charnelle de Jean-Jacques  Dessalines et bienvenue, à Vallue, à la célébration de sa vie spirituelle, les 8, 17 et 20 octobre  2024.  

A propos de

Abner Septembre

Sociologue (Diplôme de maîtrise de l'Université d'Ottawa); Diplôme de Licence en Études Africaines, Afro-Américaines et Caribéennes (Université d'Haïti) ; autres études en Sciences du Développement, en archéologie préhistorique, en tourisme et en design de projet communautair…

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