Depuis quelque temps, l’image de notre Haïti chérie est trainée en pâture. Le mot est peut-être trop fort, mais au regard de ce qui se passe ‘’lakay’’, on ne saurait dire que tout va bien.

Depuis quelque temps, l’image de notre Haïti chérie est trainée en pâture. Le mot est peut-être trop fort, mais au regard de ce qui se passe ‘’lakay’’, on ne saurait dire que tout va bien. En plus des images souvent violentes alimentant malheureusement le quotidien haïtien, sévit également un manque de solidarité, cette forme d’union fraternelle qui faisait la force de notre peuple, l’ayant conduit à la merveilleuse épopée de 1804.

Cependant, de cette union fraternelle qui, jadis, caractérisait la vie haïtienne, il reste des vestiges sains, solides et ancrés dans l’ADN des Haïtiennes et des Haïtiens. Cet été, la belle démonstration des Grenadiers à la Gold cup est la plus belle preuve de la présence, encore palpable, de cette union. Malgré les différences d’origine ou de lieu de résidence, ces jeunes hommes nous ont donné une leçon de savoir-vivre, de solidarité, de courage et de détermination. 

La principale valeur véhiculée par cette équipe haïtienne est celle du rejet de toute forme de découragement dans l’adversité. Les renversements de situation, au cours de cette compétition, contre les îles Bermudes, le Costa Rica et, surtout, contre le Canada, sont la preuve que la rage de vaincre et la détermination des Haïtiens à se surpasser, même quand la difficulté s’érige en barrière, restent intactes. Et, en bons ‘’Xaraguayens’’ que nous sommes, nous ne pouvons qu’être fiers de ce que ces Grenadiers ont accomplis à la Gold cup, en particulier de notre Donald Guerrier, auteur d’un magnifique but contre le Canada, à un moment où les espoirs d’une qualification historique pour les demi-finales semblaient s’effriter. Que dire de leur performance face à l’équipe mexicaine, partie favorite dans ce tournoi ? Cette jeune équipe haïtienne a non seulement tenu tête aux Mexicains, mais elle a apporté un démenti formel aux pronostics des plus grands commentateurs sportifs. En effet, n’était-ce le cadeau de l’arbitre qatari en faveur du Mexique en prolongation, la finale de la Gold Cup aurait été une affiche Etats-Unis – Haïti.

L’image positive projetée par notre Haïti chérie fut, certes, dans les merveilleuses prestations de nos Grenadiers sur le terrain, mais aussi dans les tribunes et dans les vestiaires. Zoomées par les grandes chaînes de télévision d’Amérique du Nord ou circulant sur bien des réseaux sociaux, les images de nos compatriotes qui, le drapeau bicolore à la main, dansaient, chantaient et encourageaient notre équipe nationale, le leadership dont a fait montre notre Nazon, haranguant ses collègues en criant à répétition « Levez la tête », tout cela ne démontre-t-il pas aux autres peuples que ‘’shit hole’’ on ne l’a jamais été, on ne l’est pas et on ne le sera jamais, malgré nos problèmes passés et actuels. 

Il est évident que ces belles images et cette belle vitrine que nous a offerte la Gold Cup ne nous feront pas oublier les problèmes quotidiens de notre chère Haïti. Elles auront du moins le mérite de confirmer une fois de plus notre résilience en tant que peuple. Elles devraient enfin servir d’exemple à nos dirigeants et les inspirer en ces temps où nous avons tant besoin de modèles de courage et de vivre-ensemble pour affronter les obstacles au progrès et à la réconciliation, qu’ils soient endogènes ou exogènes.
 

Surguy Rivière, plus connu sous le nom de Guyto Rivière, est un journaliste et analyste de football haïtiano-canadien vivant actuellement au Canada. 

Dès son enfance, le gamin que Guyto exposait sa passion pour la retransmission des matchs de …

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