Des conflits de sociétés sont, à bien des égards, des facteurs qui freinent ou empêchent le développement des nations qui y ont fait face. Ces conflits ont de tout temps laissé leurs marques et leurs cicatrices dans l’esprit des citoyens et même dans leur corps. Ces marques laissées sur le corps sont sans aucun doute plus faciles à gérer et à traiter.

Des conflits de sociétés sont, à bien des égards, des facteurs qui freinent ou empêchent le développement des nations qui y ont fait face. Ces conflits ont de tout temps laissé leurs marques et leurs cicatrices dans l’esprit des citoyens et même dans leur corps.  Ces marques laissées sur le corps sont sans aucun doute plus faciles à gérer et à traiter. Cependant, les conséquences psychologiques sont durables et peuvent aller jusqu’à se renouveler ou se transformer en des divergences de pensées, de comportements, d’attitudes, et même d’adoption de tendances politiques qui opposent les citoyens les uns aux autres. Aussi est-il compréhensible que ces derniers n’ont pas toujours les moyens de s’en débarrasser aussi vite qu’ils arrivent à bout des blessures physiques.

D’une génération à l’autre, il n’est pas étonnant que, chez les individus, ces divergences souvent héritées créent de tels écarts que, de la société qu’ils constituent, on serait porté à dire qu’elle fonctionne à la manière des constructeurs confus de la « tour de Babel ». Au regard de tous les grands événements des dernières décennies, on peut alors comprendre les intérêts divergents exprimés par les citoyens du grand Sud dans leur prise de position. Cependant, ce qui parait inexplicable, c’est leur inhabilité à créer une convergence positive au milieu de ces divergences. Et si, faisant passer les intérêts de la région avant les leurs, ils optaient plutôt pour une convergence de leur s divergences ?  

Nul besoin d’être un scientifique pour comprendre à sa juste valeur l’expression « L’union fait la force » que nous, Haïtiens, martelons sans cesse. Cet appel à l’union a eu certainement sa justification dans la genèse de notre belle histoire de peuple. Cette notion d’unité est désormais bien assimilée, mais sa concrétisation dans des gestes de dépassement de soi est loin d’être un réflexe naturel chez nous. À titre d’exemple, les soucis auxquels font face le grand Sud et Haïti en général ne se justifient pas simplement par un manque d’unité, mais aussi par la mauvaise gérance de nos ressources et par les forces divergentes qui en découlent. 

Ces esprits divergents poussent partout comme des champignons. Nombreux sont-ils ces « champignons » qui, chez nous, profitent de son taux élevé d’analphabétisme pour manipuler ce peuple vulnérable dans l’unique but de continuer à s’enrichir de façon exponentielle et de le maintenir marginalisé, ce peuple qui a pourtant déjà tant souffert. Malgré tout, nous gardons espoir de pouvoir reprendre dignement notre place dans le concert des nations et d’arriver à combattre le sous-développement en réussissant à reformater ces esprits rapaces et à les placer dans une logique de convergence de pensées pour l’avancement. 

Puisque notre taux de pauvreté est très élevé, et puisque, de surcroit, cet état de pauvreté extrême semble être maintenu à dessein, puisqu’enfin le processus d’appauvrissement est institutionalisé et ceci depuis des décennies, n’est-il pas temps que nous réclamions enfin de ceux dont nous n’avons jamais voulu entraver l’enrichissement, qu’ils acceptent de contribuer enfin à une forme de convergence pour l’avancement de la classe de plus en plus appauvrie ?

Et dans le cas du grand Sud, il est évident que cette région jouit sans contredit d’une beauté naturelle s’étendant d’une partie à l’autre du territoire. Même si les avis sont partagés sur les différentes sources de cette beauté que sont le climat tropical, le paysage et la position géographique, on admet de plus en plus que nos diverses ressources naturelles sont telles qu’il nous prendra un temps considérable pour les exploiter. Pourtant, des mains et esprits invisibles nourrissant des objectifs divergents de ceux de la grande collectivité nous empêchent grandement d’arriver à cette convergence d’efforts, seule garante pour nous et nos enfants d’un avenir plus souriant. 

Si nous n’arrivons pas à déraciner la culture de corruption la pratique de favorise l’incompétence si bien ancrées chez nous, nous n’arriverons jamais, en dépit de notre dimension de peuple fort et résiliant, à faire face aux nombreux défis qui sont nôtres et à redresser la barre de notre barque qui semble voguer à la dérive. Nous n’arriverons jamais, comme ces nombreuses nations qui ont su s’appuyer sur leurs divergences et leurs déchirures pour construire un état plus fort, à refaire de notre Haïti la Perle des Antilles. Notre seule issue est de tout faire pour que toutes nos divergences finissent par converger.
 

A propos de

Frantz Pinet

Frantz Pinet est originaire des Cayes. Il a complété ses études classiques aux Cayes. Après un boycott politique sans succès des examens du bacc, il s'est dirigé sans perdre de temps vers une formation technique et professionnelle en électronique d'abord au Canado à Port-au-P…

Biographie