Pas de laboratoire dans la plupart de nos écoles, très peu de visites de terrain et de travaux des champs avec les écoliers. En outre, faute de matériel didactique appuyé par une démarche réflexive et méthodique, leur formation est en général très limitée. Ce qui les empêche d’avoir des perspectives même élémentaires pour gagner en efficience (temps, argent). Le paysan qui, par la pratique et l’observation, gagne en découverte ne peut cependant pas l’expliquer. Faute de cette capacité, il a le plus souvent tendance à ne pas en faire usage. Blocage et inefficacité.

Au secondaire, nous avons appris des théorèmes que l’on ne peut vraiment expliquer et encore moins démontrer, mais qu’on récite et applique uniquement dans les conditions telles qu’on les a appris. On les oublie peu de temps après et, comme une machine programmée, on se perd automatiquement qu’une variable change. L’absence du visuel et de la manipulation nous enlève la capacité d’expliquer ou de démontrer les choses et de pousser le raisonnement.

Prenons un autre exemple plus banal, mais combien significatif et édifiant. On a l’habitude de voir quelqu’un plonger un tube au fond d’un récipient contenant un liquide pour remplir ou le déverser dans un autre. Dès qu’on aspire correctement, le liquide arrive dans la bouche et on le laisse couler sans effort additionnel, jusqu’à atteindre son objectif. Je n’ai jamais pensé que ce même procédé peut s’appliquer et, de fait, s’applique également à une pompe pour gagner en efficience. Une fois, j’ai demandé à un employé d’éteindre la génératrice et de débrancher la pompe. Étant donné que la citerne d’où l’on pompait l’eau est en amont, je sais que celle-ci allait continuer pendant quelques minutes à couler par gravité dans la citerne réceptrice en aval, jusqu’à ce que le différentiel de niveau soit nul. Or, il se trouve que mon employé, un paysan, m’a dit qu’on peut continuer à remplir le bassin, même si la pompe n’est plus en marche. Je lui ai expliqué ce que j’ai compris. Il a insisté pour dire que c’est possible. Je lui dis alors d’accord. Allumons la génératrice et mettons la pompe en marche. Après une heure de pompage, on peut vérifier.

Effectivement, on a laissé couler l’eau pompée pendant une heure dans la citerne en aval. Je lui ai ensuite demandé de couper le courant. Quinze minutes plus tard, je suis allé vérifier. L’eau continuait à couler normalement. Je suis retourné vérifier après une heure de temps, elle continuait à couler. Sauf que, j’ai remarqué une légère diminution du débit. Je devais me déplacer et j’ai demandé au gardien de suivre pendant 2 autres heures additionnelles et de me faire savoir. Il m’a appris que l’eau a cessé de couler une heure après mon départ.

Après la coupure du courant, j’ai donc gagné deux heures en énergie (de l’essence) et en réduction de l’usure de l’équipement. Au cas où vous ne le saviez pas, Centre Banyen Jardin Labo qui fait la promotion du jardin garde-manger, partage ces informations vérifiées avec vous pour mieux économiser et pour « faire plus et mieux avec moins », tout en remerciant le paysan qui lui a mis sur cette piste de connaissance.

Le principe qui paraît alors d’application dans cette expérience est une pression ou poussée cinétique entraînante dégressive dont la durée de son effet varie avec la gravité, mais qui s’estompe définitivement dès que l’air (sa masse) lui oppose une résistance supérieure.

A propos de

Abner Septembre

Sociologue (Diplôme de maîtrise de l'Université d'Ottawa); Diplôme de Licence en Études Africaines, Afro-Américaines et Caribéennes (Université d'Haïti) ; autres études en Sciences du Développement, en archéologie préhistorique, en tourisme et en design de projet communautair…

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