« Il est de moments où se taire est un véritable crime ; le citoyen a le droit et le devoir impérieux d’élever la voix, toutes les fois qu’il a l’espoir que ses paroles peuvent contribuer au bien-être de ses frères. »

 

Jacques Nicolas Léger (1885)

 

« Il est de moments où se taire est un véritable crime ; le citoyen a le droit et le devoir impérieux d’élever la voix, toutes les fois qu’il a l’espoir que ses paroles peuvent contribuer au bien-être de ses frères. »

                                                                                              Jacques Nicolas Léger (1885)
    
Ils sont nombreux et d’horizon divers ceux et celles qui se prononcent aujourd’hui sur la situation que traverse Haïti. Religieux, enseignants, entrepreneurs, médecin, dirigeants de pays étrangers, pères et mères de famille, citoyens qui vivent en Haïti ou dans la diaspora ; les opinions sont multiples et tous se trouvent confrontés à ce questionnement qui se révèle être dénominateur commun : Est-il possible qu’on puisse s’enfoncer encore plus dans l’abîme où nous sommes ?

Si les variables de l’inéquation Haïti restent jusqu’ici inconnues et mal appréhendées, qui en résultent d’une quasi impossibilité de résoudre quoique ce soit, les constantes sont connues et visibles : des visages pâles, ternes, usés par le chagrin, la peine et le désespoir ; des yeux pleines de larmes, des nuages de misère qui obscurcissent l’azur d’un avenir certain ; précarité sociale et économique ; l’insécurité sous toutes les formes et couleurs imaginables. 

En 2017, selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), environ 47% seulement de la population haïtienne avait accès aux soins formels, et on dénombrait environ 6,5 professionnels de santé pour 10 000 habitants. Presque la moitié de la population n’a d’accès à l’eau potable et ont recours aux traitements de la médecine traditionnelle. En 2019, le taux de chômage s’élevait à 13,5%, selon la Banque Mondial et plus de 70% de la population vivait avec moins de 2 USD par jour ; plus de 60% de cette même population se trouve en situation de sous-emploi. 

Vivre avec moins de 2 USD par jour veut dire que l’on vit en situation de pauvreté extrême ;  on ne peut donc, ni manger convenablement, ni dormir à son aise, ni se rendre à l’hôpital quand on est malade, ni envoyer son enfant à l’école, finalement pas d’avenir. Telle est la situation de plus de 60% d’une population d’environ 12 Millions d’habitants.  

Réfléchissez un moment ; que peut faire une famille de 4 enfants avec moins 200 gourdes par jour ? Combien faudrait-il pour les envoyer à l’école, acheter de la nourriture, consulter un médecin et acheter des médicaments en cas de maladie, payer de l’eau potable, se vêtir, en disposer pour des loisirs ? On n’en trouve pas pour acheter de la nourriture, comment trouverait-on pour payer des rançons ? Combien d’argent la diaspora haïtienne devrait-elle disposer après avoir soutenu un jeune, un enfant pendant vingt (20) ans pour ses études primaires, secondaires et universitaires, plus de cinq (5) ans de chômage avec la gourde qui est passée de 57,67 gourdes en 2014 à plus de 100 gourdes en 2021?  

    Ajoutez à l’insécurité alimentaire, l’insécurité sanitaire et économique du pays un peu de la situation sociale chaotique d’injustice sociale, de meurtre à répétition, de kidnapping, de massacre, d’assassinat, de viol, de vol systématique qui prévaut ; vous aurez un tableau laid, triste, teinté d’une touche de mauvaise foi, d’indécence et d’irresponsabilité palpable. 

    En attendant notre fin collective, on se contente jour après jour de quelques dénonciations sectaires, et on prie qu’un miracle se produise pour le salut de tous. En tout cas, le changement implique une prise de conscience, la volonté réelle de changer et des actions adéquates qui vont dans le sens du changement voulu.