Frantzley Valbrun, de son nom de plume Konpè Konsèy, s'est vu décerner le prix « Pwezi Kreyoliti 2021 le 15 janvier dernier à la Faculté de linguistique appliquée (FLA). Poète engagé dans la créolité, il s'est entretenu avec la rédaction de Xaragua, traitant d'avenir, de littérature, de l'émergence de la production créole et du chemin qu'elle devra parcourir.

 

Frantzley Valbrun, de son nom de plume Konpè Konsèy, s'est vu décerner le prix « Pwezi Kreyoliti 2021 le 15 janvier dernier à la Faculté de linguistique appliquée (FLA). Poète engagé dans la créolité, il s'est entretenu avec la rédaction de Xaragua, traitant d'avenir, de littérature, de l'émergence de la production créole et du chemin qu'elle devra parcourir.

Brillante est cette plume qui met des falaises à genoux. Ayant vu le jour à Verrettes (Artibonite), Frantzley Valbrun se taille au fur et à mesure une place de choix dans la littérature haïtienne. Ayant principalement fait choix de la langue créole comme cheval de bataille, il vient tout juste d'être récompensé du prix « Pwezi Kreyoliti », organisé par Kreyoliti, une plateforme de promotion de la création artistique en créole haïtien. Il a grandi à Petite- Rivière de l'Artibonite, ville natale de sa mère où il fit ses études primaires jusqu'à la 9e année fondamentale. Il les a poursuivies  pour les boucler dans la ville qui a vu naître son père. 

Dans la sphère littéraire et artistique, il est connu sous le nom de Konpè Konsèy. C'est le pseudonyme de celui qui a réellement débuté sa carrière en classe de terminale au lycée Jacques Stephen Alexis. De là est né, en 2018, son tout premier recueil de poèmes baptisé « Makòn Dan ». Ne pouvant s'empêcher de caresser son rêve, son second recueil « Kolye an denmon » est apparu chez les Éditions Floraison un an après. « Depuis lors, nous explique le poète, je n'ai jamais cessé de cajoler la pointe de la plume ».

À côté de son active carrière littéraire, il a étudié le journalisme à l'ISNAC et l'art dramatique à la Sosyete Koukouy Ayiti, une importante société littéraire de la place. Comédien de formation, il est actuellement étudiant en anthropo-sociologie à la Faculté d'ethnologie de l'Université d'État d'Haïti. Il est aussi retrouvé dans d'autres organisations telles que CLIHA, Mouvman Popilè Lakou et la Plateforme panafricaine. Il exerce actuellement la fonction de porte-parole de la Sosyete Koukouy Ayiti.

Questionné sur ce qui a déclenché son orientation vers la poésie, l'écrivain nous a répondu de cette manière : « Il m'est toujours difficile de mettre en question ma relation avec la poésie et la littérature. Mais si je devais prendre un risque, je dirais que je n'ai pas choisi la poésie et je ne crois pas qu'elle m'ait choisi non plus. Comme tout autre chose, le hasard a œuvré à ce que nous formions une seule chair », nous a-t-il expliqué.

Des projets, il en a plein. Konpè Konsèy ne nous les a guère cachés. « Pour cette nouvelle année, je travaille de manière spéciale pour le prix Deschamps et le prix de l'Amarante (C3 Éditions). De plus, j'ai un recueil de poésie écrit spécialement pour les enfants car c’est une catégorie négligée, pourtant utile au bon développement de la littérature d'un pays », a-t-il expliqué.

« À la façon dont la nouvelle génération embrasse la littérature haïtienne, il est clair qu'il y a de l'avenir. Il reste aux pratiquants de déterminer leurs points forts et leurs points faibles pour lui donner une allure originale sans négligence aucune », a martelé le poète.

Concernant la possibilité de voir la production créole au cœur de la littérature haïtienne dans un futur proche, il s'est exprimé à cœur ouvert : « On ne doit pas être pressés, on n'est pas préoccupés par l'idée de se forger une place littéraire dans 5 ou 10 ans. Il faut travailler davantage, multiplier les efforts en vue de notre rendez-vous avec l’histoire, ce qui signifie un rendez-vous avec une tout autre époque », nous a-t-il dit.

Toutefois, Frantzley Valbrun, dont le poème « Choupit » a été primé parmi des dizaines d'autres textes dans ce prix lancé l'année dernière, ne se repose pas tout à fait sur des objectifs personnels. Il pense d'abord à renforcer la production des œuvres littéraires sur la base d'esthétique et d'engagement social.