Les transferts de la diaspora haïtienne vers les familles et proches vivant en Haïti ont atteint 3.2 milliards de dollars américains en 2019 selon les chiffres de la BRH. Ce montant représente plus de deux fois plus les recettes annuelles de l’État, plus de dix fois plus les revenus touristiques du pays, plus de 30% du PIB et plus de trois fois les exportations totales du pays.

Les transferts de la diaspora haïtienne vers les familles et proches vivant en Haïti ont atteint 3.2 milliards de dollars américains en 2019 selon les chiffres de la BRH. Ce montant représente plus de deux fois plus les recettes annuelles de l’État, plus de dix fois plus les revenus touristiques du pays, plus de 30% du PIB et plus de trois fois les exportations totales du pays. Enfin, le montant des envois de fonds en provenance de la diaspora est presque l’équivalent de l’épargne nationale dans les banques privées. 

En effet, entre 1991 à 2018, les transferts reçus par Haïti ont été multipliés par 64 pendant que la population a été multipliée par deux. Donc, la population a cru à un rythme 32 fois plus élevé que les envois de fonds de la diaspora. Paradoxalement, sur cette même période, le PIB par habitant n’a pas augmenté. Il est resté au même rang et même a connu une certaine diminution. Donc, la hausse substantielle des transferts à travers le temps n’a pu tirer à elle seule la croissance aussi bien que l’augmentation du PIB per capita.
 

Cette croissance exponentielle des transferts de la diaspora s’est coïncidée avec une grande détérioration des indicateurs socio-économiques, un ralentissement économique, une hausse du chômage,  une inflation grandissante, de faibles niveaux d’investissements privés et l’accélération de l’insécurité alimentaire. Ce contraste s’explique principalement par le fait que les transferts viennent financer les importations du pays en grande partie, et ne rentrent dans aucun processus de production nationale. Cela arrive ainsi non pas uniquement parce que la diaspora  qui envoie, ou la famille qui reçoit n’est pas intéressée à investir, mais aussi parce que la mécanique est absente. En d’autres termes, les conditions ne sont pas toujours propices pour attirer des investissements productifs venant de la diaspora. Il revient urgent de changer de paradigme et de mettre le focus sur la création de richesse. Ces familles, amis et proches de la diaspora ont trois atouts importants qui peuvent faire d’eux des vraies pièces maîtresses du renouveau économique du pays. La diaspora a le capital humain, le capital financier et le capital social pour mettre au service la création de richesse et du développements en Haïti.

En effet, selon les données de la Banque Mondiale environ 85% des Haïtiens titulaires d’une licence universitaire ou plus vivent et travaillent à l’étranger. 

Ce qui revient déjà dire le cerveau du pays est surtout ailleurs. Il n’y aucune façon de planifier ou implémenter un processus de développement sans intégrer ces haïtiens vivants à l’étranger car parmi eux le pays peut trouver énormément de personnes capables. D’un autre côté, il faut reconnaitre la force de la diaspora en termes financiers. Selon de multiples études, les transferts de la diaspora représentent moins de 10% de leurs revenus, ce qui présume que les haïtiens vivant à l’étranger représenterait une valeur ajoutée annuelle entre 40 et 50 milliards de dollars américains. Donc, au-delà des transferts, la diaspora dispose d’un revenu annuel suffisamment important s’il veut devenir un outil puissant pour le financement de projets en Haïti. La création de véritables fonds d’investissements ou de sociétés par action au niveau des membres de la diaspora pourrait en partie compenser le manque de financement au niveau local pour des projets d’entreprises d’envergure. Ce serait aussi une bonne manière de canaliser les milliards de dollars envoyés dans le pays qui sont majoritairement orientés vers la consommation de biens et de services. 

Enfin, la diaspora c’est aussi une force en termes de connexion, de relations d’affaires utiles, en termes d’influence politique et économique internationale. Elle doit être capable de faire du lobbying politique à l’étranger au bénéfice du pays, mais aussi être en mesure de faciliter le tourisme et l’investissement étranger vers Haïti pour la création de richesse et d’emploi dans notre pays. 

Enfin, la diaspora doit prendre conscience de son potentiel, s’organiser et surtout définir les meilleurs mécanismes pour avoir plus d'impact sur la vie économique en Haïti et ainsi divorcer d’avec les multiples petits programmes de dons de jouets de noël pour les enfants de la province ou des quartiers populaires sans grande retombées. Les grands projets communs s’imposent. Il faut un changement de paradigme si on veut voir d’autres résultats. Parallèlement, l’intégration pleine et entière de ces haïtiens vivant à l’étranger politiquement et légalement doit venir renforcer leur confiance dans le pays et dans l’avenir.