Le tourisme est et demeure un élément important dans le développement économique mondial à un point tel que de nombreux pays font de ce secteur un axe prioritaire de leur stratégie de croissance.
Le tourisme est et demeure un élément important dans le développement économique mondial à un point tel que de nombreux pays font de ce secteur un axe prioritaire de leur stratégie de croissance. Pourtant, Haïti, fleuron de la carte touristique mondiale dans les années 60 et 70, fait, depuis quelques années, très pâle figure dans ce domaine. Ce déclin est dû à de nombreux handicaps majeurs, notamment le manque d’infrastructures modernes adéquates et d’une stratégie bien adaptée.
Heureusement, depuis quelque temps, le tourisme n’est plus exclusivement associé aux infrastructures ultra-modernes. L’organisation mondiale du tourisme (OMT), associée à d’autres partenaires travaillant dans le secteur, a proposé une nouvelle liste énumérant les types de tourisme en expansion. Cette liste vise à aider les acteurs, œuvrant dans le domaine, à les identifier sur leur territoire et à les mettre au service d’une demande croissante. Actuellement, près d’une vingtaine de formes de tourisme ont été répertoriées. Cela fait l’affaire de nombreux pays comme Haïti, n’ayant pas les moyens de se doter, à court terme, d’infrastructures ultra-modernes.
Ainsi, nous les Haïtiens et natifs du Grand Sud, nous n’avons pas à réinventer la roue. Le Sud offre quasiment toutes les possibilités de développement du secteur touristique. Du tourisme alternatif, solitaire, balnéaire, sportif, culturel, religieux, exploratoire, montagnard au tourisme solidaire, gastronomique, artisanal ou industriel. Nous avons la possibilité de jouer dans la cour des grands, avec de bonnes stratégies de promotion et de développement, basées sur un projet fiable à long terme, auquel tout le monde peut adhérer pour une pleine expansion de la région. Secteur transversal, le tourisme pourrait faire l’objet de nombreux investissements et en attirer autant dans plusieurs autres secteurs connexes.
Pour présenter le Sud comme un produit touristique, tout est une question de marketing, de promotions et de stratégies. La valeur du produit brut n’est plus à contester; car, gâtée par la nature, cette partie de notre pays regorge de potentialités très recherchées dans les secteurs touristique et agro-industriel. Il suffirait, au moment opportun, de prendre un des modèles de développement ayant déjà fait ses preuves, ailleurs dans le monde, et de l’appliquer à notre situation. En d’autres termes, mettre en valeur le potentiel touristique, agricole et industriel du Sud passe obligatoirement par le choix d’une identité de marque et de stratégies de communication adéquates pour sa vulgarisation. Pourquoi une identité de marque, diront certains ?
L’identité de marque référerait à la marque déposée de la région. Un nom qui mettrait en valeur les attraits historiques, culturels, artistiques agricoles et agro-industriels de l’ensemble des produits incorporés dans l’offre touristique du Grand Sud. Supportée par un bon service de marketing, l’identité de marque permettrait non seulement d’identifier le produit, la zone et plusieurs autres atouts que nous avons jalousement conservés depuis le temps de Xaragua, mais aussi d’atteindre notre objectif : Mettre le Sud en valeur et attirer les visiteurs vers cette destination qui a tant à offrir. Ce label pourrait être aussi le nom d’un vaste projet s’étendant sur 20 à 30 ans et couvrant tous les aspects de développement de la région.
Si le Nord d’Haïti a réussi son pari avec le label « Historic Haïti », pourquoi ne réussirions-nous pas le nôtre ? Certains se plairont à dire que le Nord a la capacité de sa politique et non le Sud. Qu’ils se détrompent, car le Sud a aussi ses mémoires à défendre et à valoriser. En effet, que ce soit au sujet de la guerre ayant conduit à l’indépendance d’Haïti, d’autres guerres de la région des Caraïbes que d’événements importants survenus dans ce département et ses environs, le Sud a aussi son récit à raconter, qui d’ailleurs pèse aussi lourd dans la balance de l’histoire que celui du Nord. En témoignent, par exemple, la réunion du Camp Gérard, l’apport des généraux du Sud à Simon Bolivar pour l’aider dans la lutte pour la libération de plusieurs pays de l’Amérique, ou encore la révolte des planteurs de Torbeck ayant mené à l’évènement peu vulgarisé, connu sous le nom de massacre de Marchaterre.
N’avons-nous pas aussi la grotte la plus longue de la caraïbe (la grotte Marie Jeanne), la deuxième plus grande forteresse d’Haïti (Platons) ou le plus grand Sommet de l’île (le Pic Macaya), pour ne citer que ces sites. Le Sud a beaucoup à offrir moyennant un travail assidu. Et ce travail, personne ne le fera à notre place. Il nous revient la lourde tâche de décider de notre avenir, d’identifier nos besoins, de parler d’une seule voix pour l’émancipation de notre région, et de donner à ses natifs l’espoir d’un lendemain meilleur.
Un circuit touristique axé sur nos possibilités, une histoire à raconter, des monuments à découvrir, des sites historiques, naturels et immatériels à montrer, une cuisine organique à apprécier, une nature non polluée et à l’état brut, etc., rien que des atouts pour bien répondre aux exigences d’une demande avisée. Dans la recherche de solutions pour l’amélioration de l’économie de la zone, le secteur touristique peut offrir un bon palliatif pour le chômage chronique et un booster pour la croissance.
La création d’une identité de marque est un mouvement d’ensemble, et non l’affaire d’un individu. Ce modèle développé dans plusieurs pays et régions serait pour la nôtre un grand atout et créerait une synergie au sein de la population, des acteurs de développement et même des élus qui, désormais, auraient un plan de référence à défendre.
Voilà pourquoi le Sud a besoin de sa propre identité de marque, un catalyseur efficace pour la relance économique de la région. L’heure a sonné pour qu’enfin nous, Sudistes, cessions de vouloir faire seuls le travail d’une équipe. L’union est indispensable pour le développement intégral du Grand Sud et la relance de son économie. Faisons en sorte que, dans les prochaines décennies, on parle du Sud comme un modèle de développement à répliquer un peu partout dans le pays. Et, pourquoi pas, même hors de nos frontières ?