Chapitre VI
Le soleil tapait déjà fort lorsque Philomène et Fabienne arrivèrent au sommet. A quelques pas de là, elles virent un cours d’eau où Fabienne alla boire et remplir la bouteille d’eau pour Philomène. Elle but un très long trait puis rinça son visage et ses mains. Elle alla ensuite à la tête de source et y mit sa bouteille pour trouver de l ‘eau fraîche pour Philomène. Elle la lui ramenait à pas lents lorsqu’un cavalier en mulet la frôla et passa rapidement. Il s’arrêta devant Philomène.
Chapitre VI
Le soleil tapait déjà fort lorsque Philomène et Fabienne arrivèrent au sommet. A quelques pas de là, elles virent un cours d’eau où Fabienne alla boire et remplir la bouteille d’eau pour Philomène. Elle but un très long trait puis rinça son visage et ses mains. Elle alla ensuite à la tête de source et y mit sa bouteille pour trouver de l ‘eau fraîche pour Philomène. Elle la lui ramenait à pas lents lorsqu’un cavalier en mulet la frôla et passa rapidement. Il s’arrêta devant Philomène.
- Oh, se pa ou sa Guerrier ?
- Bon sole Matant Philomene, yo dim vinn tann ou la.
- O nou te konnen mtap vini ?
- Oh, Yo we lwen wi Matant. Mache deyem map mennen nou jis nou rive.
Il repartit, fouettant la bête et elles le suivirent à petite distance. Le chemin se fit étroit et descendant vers un fond de ravine, elles traversèrent la galette de pierres et remontèrent le long des rochers. La montée était rude et il fallait gadrer l’œil sur le sol glissant. Quand elles arrivèrent sur un sommet planté en café le cavalier et son mulet avaient disparu. Fabienne hésitait, mais Philomene la rassura.
- Swiw mwen, mkonn kote a.
Quelques instants plus tard elles découvrirent une humble maisonnette peinte en rose et vert vifs. Philomène fit a Fabienne signe de l’attendre, elle se dirigea vers la porte et frappa trois coups. Elles virent arriver un personnage d’âge mûr coiffé d’un chapeau de paille. Sans un mot il ouvrit la porte. Philomène le suivit en faisant signe a Fabienne de patienter.
Ill faisait demi- jour dans la pièce. Ils se lavèrent les mains avec le trempé d’écorces Il alluma sa bougie blanche tisonnaa le feu et prit son tchatcha. Apres les échanges d’usage, une voix lointaine se mit a parler :
- Yon enjistis yo few Mant Philo. Ginen yo pa kontan non
- Yon nyès mwen Reinette, mvinn chache jistis pou li.
- Moun ki vyole, tiye,oswa pran pa fos sak pa pou yo pa merite viv
- Papa jistis pou yon jenn flè vakabon pile l, krazebrize l jistan li pa mande viv Il jeta une poignée de poudre dans le feu qui s’émoustilla, grésilla, brûla vivement.
- Koze mande al devan Bawon… gen lanmò nan lè a, nou pral nan simityè, nou pral kot Tonton m Arigene kap mennen nou….
Silencieusement Philomène acquiesça. Elle tendit les deux baleines noires et le clairin à Ougan Gwo Roch Soley, qui les mit dans sa sacoche. Il se leva, fit ses salutations et sortit de a pièce. Dehors la lumière du soleil était vive. Fabienne rejoint Philomène et suivit ses pas le long des champs de maïs, traversant un petit cours d’eau et débouchant sur un petit cimetière de famille. Gwo Roche Soley se baissa et prit deux poignées de terre versa une libation sur la tombe de l’oncle Arigène et attendit patiemment sa réponse. Il engagea enfin Philomène et Fabienne le long de l’allée de tombes jusqu’à la Croix de Baron qui se dressait fière et baignée de soleil…
***
Ronald s’était levé tôt. Il ne pouvait dormir, le sommeil le fuyait. Il était complètement hors de lui même, une rage bouillonnait sans cesse en lui. Dieu ne le vengerait pas de cette avanie, Il se sentait personnellement concerné. Il avait un plan qui commençait et finissait avec le revolver qu’il avait en mains. Et il avait à partir d’urgence. Il avait dédaigné le petit déjeuner qu’avait préparé sa mère, avait embrassée comme si il la voyait pour la dernière fois. Il traversa rapidement la ville dans son pick up vrombissant, fit le plein d’essence, s’arrêta à la banque, avisa sa secrétaire et son comptable qu’il n’était pas là aujourd’hui. Il partit vers Sainte Helene. Il s’arrêta devant une maisonnette dont la peinture bleue avait fui. Les planches de la porte grincèrent quand elle s’ouvrit pour laisser passer un jeune homme de haute taille, musclé, fort de carrure , l’air menaçant.
- Baz, sak pase ?
- Brother pam !
Ils se firent une longue accolade.
- Mesye yo la wi, ou vle pran yon byè ?
- Yon koze serye mvinn pale avew, lui repondit-il l’air nerveux
Il l’entraina vers la cour sous un arbre loin des indiscrets.
- Mbezwen 2 neg pou m al Potoprens… Yon move koze mpral regle, mbezwen de atoufè, yap sou kont mwen… Men fò yo gen bon zam…
- Sal ye ou pral regle ,man ?
- Madanm mwen man… Il s’arrêta, Baz avait compris la douleur et la rage mêlées sur son visage…
- Mgen Reginald la a, li gen yon M-16 tounef….Apresa se Ti Dòf ki konn manye Glock la… Mesye yo cheran ayyy… men mkonnen ou ka jere yo…
- Fe yo vini na pale…
- Non mèt la, nou prale, le nou tounen na pale, on konnen pa gen poblem depiw jere nou, nou bon… ka gen ki pa tounen,,, ou pa vle fe dèt pou nan peye fanmi…
- Nap desann tale la … vinn jwenn mwen nan stasyon Bak dèyè gwo kay la… - San poblem. Mèt la
- Mesi deske mka konte sou ou Baz
- Nou tankou de frè met la, malè paw se malè pam… Mpa blye lè manmanm te fe operasyon se ou ki te menen l opital…Nap regle koze yo !
Ronald revint vers la ville, se dirigea vers la maison de Reinette. Elle était là, sur le balcon, pensive, absente même. Il sentit qu’il n’avait rien à lui dire, sauf qu’il devait devenir le héros dont elle avait besoin maintenant. Il allait partir pour Port-au-Prince et revenir avec la tête de Geoff sur un plateau d’argent. Pour le reste, il n’était sûr de rien… Il passa la maison en direction et se dirigea vers Station Bak. Il tira deux bouteilles de rhum d’un sachet en papier, en but une rasade… Les dés étaient jetés !
***
Philomène était exténuée quand elle arriva a la maison. Elle n’avait rien mangé de la journée, mais elle n’avait en rien perdu son courage. Elle avait renvoyé Fabienne chez elle dès leur retour à la ville, ne voulant pas que sa mère s’inquiète la sommant de se rappeler que « se pa tout sa je wè, bouch pale ». Ses yeux perçants avaient une lueur déterminée, celle d’une âme qui s’était bravée pour obtenir Justice ; elle était satisfaite avec un brin de victoire assurée qui la faisait presque sautiller de joie.
- Bonswa Carmelle
- Bonswa Philo
- Ou tounen soley deja kouche…mkite yon ragou pou ou wi, wap manje ? - Wi map manje Carmelle, wout la te long.
- Banm fe Natacha pote dlo pou benyen.
- Non kite m fret ma benyen apre… ou met banm manje a
- Philo ban m bon nouvel… deamnda Carmelle , l’œil inquisiteur
- Bawon di san jou … Premye jou se jou malè a komanse… san jou… mwens nef jou, nou rete 91 jou. Jistis ap fèt san mank. Sel kondisyion se pou yon lot moun pa vese san l avan Bawon pase, se moun sa kap jwenn lanmò a, daye vakabon sa yo pa mouri fasil ,finit-elle impitoyable.
- Mezanmi Philo sa w dim la , mpap ka domi lanwit non ! Se yon nef jou priyè mpral mande Pastè a wi… demen maten bone wi ! Koze sa lou sou konsyans mwen.
- Ou te mande vanjans ou jwenn vanjans, Bawon pa jwe… Epi pa al mete koze Reinette devan legliz ou konn jan gen malpalan ! Ou pa vle non pitit la nan tout lari, pou yo fe chante sou li nan mache…
- Men Natacha pote manje a pou ou, mange l, dit Carmelle, dépitée
Un silence sourd s’installa entre elles.
- Pwotestan
- Lougawou…
Elles éclatèrent de rire, Philomène, la cuillère en l’air
- San jou anben nap tann… dit Carmelle
(A Suivre)