Chapitre IV- Merci Barbara

- Rete! Li endispoze wi! Vinn gade si l pa mouri non!
- Mesye byè a fini ?
- Non rete 2 nan friijide a .
- Pote youn pou mwen ! Match fini , mpral benyen !
- Se dlo mgen konsa ? Al benyen lakay ou! Isit la pa lotel !
Elle avait repris conscience mais ne parlait pas. Ils lui avaient délié les jambes. Elle ne s’était pas battue,
restait sans bouger les paupières closes, comme morte. Seule sa respiration indiquait qu’elle vivait
encore. Geoff la ramena dans la toilette et la déposa sans douceur sur le sol. Elle sentit que ça allait
mal se terminer. Il referma la porte. Graduellement les voix se turent. Elle comprit qu’ils étaient sortis.
Que pouvait-elle faire ? Son impuissance la terrassa. Elle écouta ses respirations lentes puis s’endormit
épuisée.
Il passa la nuit dehors et revint s’endimancher pour aller à la messe. A travers les conversations
téléphoniques elle comprit qu’il y accompagnait sa mère. Il lui donna de l’eau du lavabo a boire.
- Ou gen manman ou gen fanmi , ou dwe gen sè tou poukisa ou pa kite m ale, M. Geoff ,mpap di
peson anyen, kite m al pran bus pou m tounen lakay mwen, u pap janm we m ankò, supplia-t-elle
Il ne répondit rien a cette litanie, lui remit le bâillon et sécurisa ses liens. Puis , frais et endimanché, il
partit pour la messe.
Bien plus tard il revint la viola, regarda la télé puis s’endormit. Il ronflait de toutes ses forces quand le
téléphone sonna a plusieurs reprises. Il finit par le prendre.
- Depi yè pou te pote kob la, ou konnen mpa renmen kob mwen ret nan menw , ki koze mpat
reponn telefòn nan ? Epi siw depanse yon goud ladan map fout kase kou w…
Reinette n’entendait pas les réponses
- Vinn pote kob la banmwen ! Map krache atè, pa kite l sech !
Ill raccrocha, remit un peu d’ordre dans la pièce, replaça Reinette dans la toilette et ferma la porte. Un
moment plus tard il sortit. Passa un peu de temps dehors, puis rentra dans la chambre avec une femme.
La voix lui était familière… Elle reconnut l’accent trainard de sa réceptionniste, Barbara. Reinette
écoutait avec beaucoup d’attention.


- Mkontan le w vini lakay mwen , pote kob banm wi, dit-it comptant l’argent. Kenz mil dola ? Se
tout kob semen nan ?
- Non rete kob Justin an mpoko touche l.
- Kile lap bay li ? Se pou pase touche nan men l demen !
- Sa wap banm nan kob semen nan ?
- Map baw de mil dola, ou memm saw ap bay nomm ou cheri?
- Yo souse selman mka fe pou ou , fò m al fe zong mwen apresa, mari m ap sispek nou
- Kife ou pap banm bagay la?
- Oui cheri, demen swa ma vinn koupe avew map baw pla konplè jan w remen l lan !
- Ou konn janm renmenl pa gen pi dous pase w, gémit-il.
Elle ne répondit pas, probablement déjà a l’œuvre. Reinette les écouta un instant puis entendit basculer
la chaise et s’ensuivit une pleine séance de jambes en l’air. Il soufflait comme un bœuf.
Barbara se leva brusquement et alla vers la salle de bains, comme un geste coutumier.
- Pa ouvri… pòt la… Il était trop tard. Barbara recula stupéfaite !
- Sa sa ye , Geoff ??? Se pa ti dam ki te sot Jeremi an ?Sa lap fe la a ?
- Femen pot la femen dyol ou. Ou pa we anyen la ! Si w pale mpral di mari w tout bagay epi wap
tou regret… Mpa vle w pedi travay ou ni nommm ki okipe w la ! Alos fout femen pot la, !
Barbara vit la détresse de Reinette dans ses yeux. Elle n’avait d’autre choix que de refermer la porte. Elle
bouillonait !
- Wap kitel ale Geoff mwen k diw, wap kite l ale. Mkonn tout anba w e ou ka fem konfayns siw pa
kite l ale map mete tout koze w deyo. Wap depi m epi map fe w fè yon tou prizon! Pa fout betize
w avem Geoff!!! Gen bagay mwen fe pou kob ,men pa sa!
- Map laguel demen matenn …
- Non ! Wap banmwen l pou m ale ave l. Map trayi w.selman li prale ave m. Geoff !!!Geoff ???
Kote rad li? Banm rad li Geoff! Elle délia Reinette et lui passa la barre de savon.
Reinette se baigna rapidement, récupéra son Jeans et son maillot et les remit. Barbara la poussa hors de
la porte de la chambre, elle traversa le couloir et le vestibule et se retrouva dehors, Barbara sur ses
talons. Devant la maison, Barbara arrêta un taxi, remit deux mile gourdes a Reinette et lui intima l’ordre
de rentrer chez elle.

- Chofè, depoze l nan stasyon Bus Jeremie lui ordonna t-elle, puis a Reinette : Rantre lakay ou.
Piga m wew potoprens ankò pase map pa ka sove w.
- Mesi pou sa w fe pou mwen , Barbara mwen dwe w la vim…
- Pa vinn fe dram ni kriye la, al fe wout ou, toutou ! Lavil pa bon pou ou ! Pa tounen ankò !
Barbara la laissa et s’éloigna rapidement. Elle s’assit dans le taxi, En haut du balcon Geoff la regarda
partir sans un geste.
A la station, elle attendit le bus qui repartait à 7 heures du matin. Elle se sentait vide. Elle vit aux
toilettes toute les ecchymoses sur son corps et se mit à pleurer. Puis elle sécha ses yeux. Personne ne
devait savoir ! Elle emprunta un téléphone d’un passant et annonça sa rentrée à Ronald. Elle était
calme et imperturbable.
Personne !!!

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