Le marronnage au temps de l’esclavage était considéré par certains comme un acte de refus de l’esclavage qui consistait á se cacher pour échapper aux traitements inhumains qu’on infligeait aux esclaves révolutionnaires, paresseux ou réfractaires.
Le marronnage au temps de l’esclavage était considéré par certains comme un acte de refus de l’esclavage qui consistait á se cacher pour échapper aux traitements inhumains qu’on infligeait aux esclaves révolutionnaires, paresseux ou réfractaires. Ces hommes prenaient refuges dans les mornes et se cachaient dans les grottes. Et á des moments bien précis ils redescendaient pour effectuer des actions de représailles ou autres contre les maitres et leurs propriétés. Ils Brulaient tout sur leur passage pour ensuite retourner se cacher dans les mornes. Ces actes leur ont valu l’appellation de Marron ou « Mawon ».
Dans ce contexte, vous vous rendez compte que nous ne parlons pas de la couleur marron mais plutôt d’une notion bien particulière aux interprétations multiples. En effet, le marronnage pourrait être interprété comme étant un refus d’engagement. Un abandon de ses responsabilités.
A voir la situation dans laquelle végète la Première république noire, il y a lieu de se demander est-ce que l’Haïtien n’est pas été contaminé par le gène du marronnage. Cette stratégie qui a été très utile à nos aïeux fait de nous aujourd’hui des poules mouillées qui appliquent à la perfection la politique de l’autruche. Le marron craint tout et refuse d’assumer. Il a peur de tout, des sanctions, des responsabilités, des décisions. Il craint la mort. Et la plupart du temps, il accuse l’autre. Il n’est jamais responsable. Et peine à définir son lendemain. Il le fait avec lui-même envers ses amis et même au besoin face aux devoirs envers son pays.
Si nous nous référons au marronnage c’est pour essayer de comprendre les réactions de la plupart de nos concitoyens, pour ne pas dire de notre société. La peur viscérale qui s’empare de l’Haïtien d’aujourd’hui contraste totalement avec la mentalité guerrière qui nous a conduits à Vertières. L’Haïtien ne s’investit plus dans les affaires de la cité de peur d’échouer ou de ne pas mettre en jeu ses intérêts personnels.
Combien de fois nous refusons de nous rendre utiles au pays par peur d’être pris à partie ou de prendre des décisions utiles à la population par peur de représailles. Personne ne veut plus travailler au bénéfice de la communauté. Le bien commun est méprisé au profit des intérêts mesquins.
Combien de fois avons-nous eu peur de ne pas rendre à un ami, une femme, un mari, un ennemie ou un opposant des compliments en public par peur d’être critiqués ou traités de flatteurs. Nous préférons agir dans les coulisses et nager en eaux troubles plutôt de prendre position ouvertement. Personne ne veut mourir pour ses convictions. Mieux vaut jouer continuellement le double-jeu et gagner dans l’infamie et le déshonneur.
La bienséance, l’amitié, la bienveillance, la générosité et l’entraide deviennent de nos jours de vilains mots. Tout a un prix, tout s’achète. Tout le monde a besoin d’être servi sans jamais éprouver le besoin de se mettre au service de l’autre. En poursuivant continuellement des objectifs intéressés, l’Haïtien se déshumanise et s’inscrit aveuglement dans le marronnage.
Si cette stratégie était fructueuse au temps de l’esclave, au lendemain de l’indépendance haïtienne, elle se révèle un handicap majeur à l’équilibre social et au développement. La réussite d’une société n’a jamais été la sommation de ses réussites individuelles mais plutôt la mise en commun vers la réalisation d’objectifs communs.
Toute stratégie qui va à l’encontre de ce principe vital est condamnée à l’échec. Le temps des marrons est révolu. Passons à autre chose.