J’ouvre la Parenthèse sur l’histoire de Margo, fille de Philémon, histoire à pleurer ...
Margo était la quatrième d’un régiment de filles que Philémon et sa femme Ghislaine avaient procréées
dans les années 50. Justine, la première aimait les gens et cuisinait à merveille. Darlène, la deuxième
aimait aussi les gens, mais surtout au masculin, Sa beauté lui valait autant d’admirateurs que de chaises
au salon de son père où faisait la queue. En weekend... Et e semaine aussi, tant et si bien qu’on la mit au
pensionnat chez les sœurs. Myrlyne la troisième grande et dégingandée, parlait fort et d’abondance et
son père la surnommait « A la garçonne » Ils s’entendaient bien malgré tout car, elle le consolait
souvent de ne pas avoir eu de fils. C’était la faute a Margo, la quatrième car on avait espéré dans la
famille que ce fut un garçon... Attentes déçues...
J’ouvre la Parenthèse sur l’histoire de Margo, fille de Philémon, histoire à pleurer ...
Margo était la quatrième d’un régiment de filles que Philémon et sa femme Ghislaine avaient procréées dans les années 50. Justine, la première aimait les gens et cuisinait à merveille. Darlène, la deuxième aimait aussi les gens, mais surtout au masculin, Sa beauté lui valait autant d’admirateurs que de chaises au salon de son père où faisait la queue. En weekend... Et e semaine aussi, tant et si bien qu’on la mit au pensionnat chez les sœurs. Myrlyne la troisième grande et dégingandée, parlait fort et d’abondance et son père la surnommait « A la garçonne » Ils s’entendaient bien malgré tout car, elle le consolait souvent de ne pas avoir eu de fils. C’était la faute a Margo, la quatrième car on avait espéré dans la famille que ce fut un garçon... Attentes déçues...
C’est Justine qui nomma Margo, la nourrit au biberon et s’en occupa comme une mère, la sienne, désabusée de ne pas avoir eu un fils, couva une déprime son enfance durant et ne voulait guère voir l’enfant. On crut qu’elle ne survivrait pas tant elle était frêle et maladive, mais ses petite yeux ronds et noirs brillaient comme deux billes quad elle ne dormait pas. Plus tard, Darlène lui apprit a jouer aux osselets, elle s’affublait des restes de ses sœurs et prit vite le rôle du laid petit canard dans la famille.
Ceci lui valut maintes fessées de la part de Myrlyne qui rossait tout ce qui ne marchait pas bien. Philémon était fonctionnaire d’Etat. Il travaillait tard certains jours bien que les bureaux fermaient a deux heures a l’époque. Darlène en était ravie, car des l’arrivée de Papa, le salon devait se clairsemer. Plus d’osselets, de pinche, de mains chaudes et de bisous volés. Philémon, n’allait pas supporter ça !
Son plus grand souci était devenu de marier ce troupeau en vue de les caser dans des vies aisées et bien vues de la Société provinciale d’alors. Justine partit retrouver un ingénieur de la ville et devint femme respectable et respectée de son mari surtout pour ses talents de cuisinière. C’est alors que Myrlyne tomba enceinte sans père qui vaille, car elle refusa de révéler son identité. On sauva l’honneur avec Marc, un comptable venu des Cayes qui prit en charge mère et fille. Ils se querellaient souvent mais firent huit enfants. Darlène rentra à Port-au-Prince et passa plusieurs salons. Elle revint avec un riche médecin qui enchanta la famille, mais devint le pire des cocus. Il restait Margo, le hic, c’est qu’elle n’était pas belle et que, dans la ville, il y avait tant de filles à marier. Margo se morfondait et croulait sous la pression des espoirs de la famille, on la forçait à aller aux Dimanches après-midis de danse
sociale et comme une fleur fanée, elle collait aux murs comme si on l’y avait gluée. Elle frisait les 27 ans, lorsque Myrlyne proposa tout d’un coup qu’elle aille passer des vacances chez Darlène, cet été.
Bien que réticente, elle accepta, espérant casser l’atmosphère lourde chez ses parents. Darlène, à Port-au-Prince n’en avait cure, dans sa vie hautement sociale, elle laissait Margot seule le plus clair de son temps. Les attentions de son beau-frère étant rares, elle se mit à guetter les passants devant la barrière fidèlement chaque après-midi 4 heures, où la bonne lui amenait une glace dans un bol de porcelaine qu’elle dégustait lentement pour faire durer le plaisir. Mais promptement, à 5 heures, il fallait rentrer sinon Darlène piquerait une crise de la retrouver la !
M. Charles Montereil rentrait du travail à ces heures. Jeune professeur en Mathématiques, il flânait toujours a pied avent de rentrer a son pensionnat où il vivait une existence austère et maigre, comme sa personne longiligne, de peau très foncée. Son sourire faisait plutôt féroce à cause du contraste de la blancheur de ses dents effilées, rare occase ce sourire et un rire encore plus exceptionnel, car il riait comme un hyène. Autrement il était d’une intelligence rare et maniait à perfection la langue de Voltaire. Charles aperçut Margo de profil, sa peau claire, ses cheveux abondants, dégustant timidement sa crème, les yeux baissés, Il remarqua l’opulence de la barrière la grandeur de la maison et y vit un futur certain, malgré les imperfections de la belle, le pari serait vite gagné ! Aussi il y fonça sans retenue, exigeant de rencontrer son père, pour faire une demande des plus hâtives. La famille de Charles fut ravie de la petite femme pêche qu’il s’était déniché, la voiture flambant neuf du beau-frère dans laquelle Charles fit quelques coups de volant, la sophistication totale de Darlène qui était une « femme santi bon » aux dires de la mère de Charles ! Bref, les choses se précipitèrent tant et si bien que deux mois plus tard, en grande pompe, la robe de mariée de Justine fut raccourcie et le voile retapé et flottait dans l’azur un jour venteux de Novembre devant la Cathédrale de Port-au Prince ! La réception, don du beau-frère, dans les jardins de sa résidence fut somptueuse. Margo était aux anges !
Les fêtes de fin d’année furent de longues et belles réjouissances pour le couple, sauf qu’il fallut beaucoup de patience pour déflorer Margo oh hisse ! et force cris...Charles ne tarda pas a se rendre compte qu’adieu veau,vache , cochon couvée, l’argent du mari de Darlène restait soigneusement dans son compte en banque. Oui, Darlène y avait gargote, mais certes pas Margo ! Ils survécurent de ses petites économies, le protocole étant dur a tenir, puis finalement en fut au bout de ses moyens. C’est alors qu’elle annonça la nouvelle : « Tu vas être père, lui glissa-telle a l’oreille ! Malchance des Malchances, Charles maudissait son manque de discernement, Margo s’alourdissait, les factures et le train de vie, ne correspondant pas à son maigre salaire, il fallait une solution rapide à la catastrophe qu’il voyait venir. Margo, malade comme pas deux, ne se doutait de rien. Elle accoucha d’une petite fille jolie comme le soleil !. Charles aima sa fille plus que tout, et cherchait désespérément une solution à ce manège.
La réponse vint sous forme d’une lettre du Doyen de la Faculté des Lettres, L’Afrique Francophone cherchait des professeurs Haïtiens, le salaire était inespéré et la sortie de crise familiale inévitable ! Il informa Margo qu’il partait en mission pour le compte de l’’Education Nationale, omit soigneusement l’Afrique, au point que Margo pensait que son époux était en tournée pour quelques jours au Etats-Unis d’Amérique. Elle fit soigneusement sa mallette avec force rechanges, car il escomptait beaucoup de réceptions et peu d’occasions de laver son linge. Avec ses deux malles, il embrassa soigneusement sa fille et prit la poudre d’escampette. Margo resta seule avec sa fille, dans l’espoir de retrouver bientôt son mari.
Les semaines et les mois passèrent. Rien, pas une lettre, pas un billet, pas une manifestation de sa présence. Elle perdit l’appartement, faute de moyens et retourna chez sa mère, Darlène ayant esquivé adroitement la prise en charge. Margo ne trouvait ni travail ni d’autre occupation que d’élever sa fille et de prendre soin de ses vieux parents surtout sa mère qu’elle perdit ensuite. De temps en temps elle rentrait à Port-au Price pour visiter la famille de Charles qui lui payait le billet. Eux à son insu recevaient des lettres régulières de Charles, des transferts bancaires et la laissaient dans le noir avec le plus grand soin. Un beau jour, l’une des nouvelles tomba par inadvertance d’une cousine qui visitait, que Charles était en Afrique. Elle prêta l’oreille et reçut ce poignard en plein cœur. Quelques semaines plus tard, il était bruit dans la famille qu’il était décédé et les versions changeaient soit par piqure de serpent venimeux ou par les bons services d’un lion qui dévora les espoirs de Margo. Il était mort en tout cas, mais personne ne pleurait ni ne portait de deuil, observa-t-elle. Il n’y eut pas de funérailles, elle ne le revit simplement plus...
Elle retourna pour enterrer son père qui lui aussi avait trépassé. La maison de famille était sujette a une hypothèque de Justine que Margo ne put payer à la banque qui , se son coté, prévoyait que la pension de son père ne comblerait pas ses frais et lui réclama la maison, Affolée, elle se tourna vers la famille de Charles et leur envoya sa fille en attendant qu’elle rentre elle-même à Port-au Prince. A son arrivée, l’enfant avait disparu. On lui fit calmement la nouvelle, qu’elle était partie acheter des friandises et n’était pas revenue depuis dix jours. On attendait qu’elle rentre à Port-au-Prince pour partager la mauvaise nouvelle avec elle. La police ne pouvait rien, on n’avait pas de photos de l’enfant et patati et patata...
Elle sortit calmement le lendemain matin et chercha sa fille partout, passant chez tous les gens qu’elle connaissait à Port-au-Prince pour boire nerveusement un café parfois accompagné de pain ou d’un riz réchauffé par Compassion. Quinze jours plus tard, elle la cherchait encore quand son beau-frère, le mari de Darlène la repéra dans la rue et en fit part à sa femme. Les choses se dégradèrent davantage. Darlène se présenta chez les Montereil pour avoir des nouvelles de sa sœur, mais la froideur avec laquelle elle fut reçue n’avança guère ses espérances. Elle la fit chercher par un ami privé qui la retrouva et la fit hospitaliser. Apres six mois dans un hôpital psychiatrique, Darlène la fit chercher, la mit dans une chambre meublée en pension chez une de ses connaissances et mit une garde malade à veiller sur elle.
De temps a autre, elle trompait la vigilance de l’autre, partait pour quelques jours, revenait avec un enfant, parfois fille, parfois garçon qu’elle voulait garder chez elle et qu’invariablement elle appelait du nom de sa fille...
Trente-deux ans plus tard, Darlène reçut la visite d’une dame brune riche et distinguée qui revenait de Suède où elle vivait avec son mari et qui voulait avoir des informations sur la tombe de sa mère. Elle avait douze ans quand elle partit rejoindre son père qui la mit en pension en Suisse, car il n’avait toujours pas quitté l’Afrique, Charles Montereil était encore vivant. Il coulait ses vieux jours dans un asile de vieillards en Suisse. Elles se rendirent ensemble au Cimetière sur un modeste caveau ou elle, la dame versa quelques larmes, tandis que Darlène s’impatientait une fois retournée à sa voiture.
Je ferme la Parenthèse sur l’histoire de Margo, fille de Philémon, histoire à pleurer