Le carnaval de Jacmel reçoit ses lettres de noblesse par un arrêté du Ministre de la Culture faisant de lui un "Patrimoine Culturel National” ; et, avec tous les prescrits protectionnistes.

 

Le carnaval de Jacmel reçoit ses lettres de noblesse par un arrêté du Ministre de la Culture faisant de lui un "Patrimoine Culturel National” ; et, avec tous les prescrits protectionnistes.

En effet, comme tout Patrimoine nationale, l'Etat s'engage à le protéger, le financer et en faire un rendez-vous touristique obligatoire.

Ne Faudrait-il pas, pour cela créer un comité permanent chargé de la gestion, de l'élaboration d'un plan à court, moyen et long terme de cet évènement annuel majeur de la fière cité d’Alcibiade Pommayrac, de Charles Moravia et de Seymour Pradel ? Certes. Il faudra que ce comité sorte d'un consensus entre toutes les communes du sud-est en commençant par un inventaire des traditions propres aux régions, une évaluation des capacités de modernisation sans perdre l'originalité de ce carnaval Jacmélien. 
 

Pour l'homme sudestois, le carnaval est d'abord satirique, une occasion d'ironiser les sociétés, les provoquer, les mettre à nu, dénonçant certaines pratiques douteuses telles : l’adultère, un voleur décrié, un employé de l'Etat corrompu et les hommes politiques. Ce comité aussi serait responsable de trouver des sources de financements, de proposer et d'organiser des charters touristiques et de trouver les ressources humaines qualifiées. Suite à la lecture de ce document du MICC, mes pensées se sont mises à errer dans le temps, celui de mon enfance. 
 

Ma ville Jacmel
Que tu fus belle
Avec ton âme rebelle
Et ton passé au goût de fiel.

Je ne me perdrai pas dans le labyrinthe de ma mémoire voulant seulement partager quelques souvenirs marquants de mon expérience carnavalesque dans ma ville.

Ma première rencontre avec "Yawé", cet homme géant sous une peau de bœuf séchée avec les cornes jouant le rôle d'un taureau dans une arène, avec la horde l'excitant avec des coups de bâton. Le taureau alors pivote, cornes à l'avant, menaçant. Certains se font prendre à son piège et en ressortent blessés.
 

Ma seconde rencontre avec le lanceur de cordes, toute une aventure de ne pas se faire attraper par les cordes de ce diablotin.

Ma troisième rencontre avec le Juif errant, théâtre de rue, genre opéra, narrant l'histoire de ce juif, condamné à marcher sans but à travers le monde, vivant de miettes et se saoulant en racontant ses misères. Et juste arrivant à la Place d’Armes pour le cortège carnavalesque, voici la horde des loups garous, tous de rouge vêtue, griffes et dents énormes ensanglantées. 

Et enfin voici les Charles Oscars, représentants de cette tranche d’histoire de la période préoccupation américaine, racontant l’histoire de ce général haïtien sanguinaire qui massacrait les ennemis du pouvoir en place d’alors.
 

Et voilà donc, après avoir vu tout cela, que commence à se mouvoir le cortège des grosses têtes de papier maché et tout le reste qui fait du Carnaval de Jacmel une aventure à ne pas rater et qui lui a valu aujourd'hui ses lettres de noblesse.

 

Crédit Photos * Richarson Dorvil / Direction Départementale du ministère de la Culture du Sud'Est