Sans l’ombre d’un doute, le Sud, plus que les autres départements, n’a fait l’objet d’aucune priorité dans l’agenda des dirigeants politiques ni dans celui des potentiels investisseurs locaux et internationaux. Exception faite du tronçon de route Cayes/Port-à-Piment passant par Port-Salut, aucun projet d’une grande envergure, aux retombées économiques viables, n’a jamais été lancé dans le Sud au cours des quatre dernières décennies.

Sans l’ombre d’un doute, le Sud, plus que les autres départements, n’a fait l’objet d’aucune priorité dans l’agenda des dirigeants politiques ni dans celui des potentiels investisseurs locaux et internationaux. Exception faite du tronçon de route Cayes/Port-à-Piment passant par Port-Salut, aucun projet d’une grande envergure, aux retombées économiques viables, n’a jamais été lancé dans le Sud au cours des quatre dernières décennies. Malgré les potentialités non négligeables de cette partie du pays, les décideurs ont toujours manifesté un mépris grandissant pour cette région qui, pourtant, pourrait être un incubateur de développement pour tout le grand Sud et le pays en général.

Malheureusement, les années, les gouvernements et même les générations se succèdent sans qu’aucun signe d’amélioration voire de développement n’ait été constaté ni qu’un quelconque changement ait été apporté dans la vie des gens. Ce qui a résulté en un certain laxisme chez la population sudiste. Délaissée, la population du sud n’arrive plus à déterminer ses priorités, se laissant aller au découragement et espérant du ciel un développement économique ou, à défaut, un mieux-être qui devrait être, à la base, pensé par nos élites intellectuelle, économique et politique dans un souci de croissance équitable au bénéfice des différentes couches de la communauté.
 

Le grand Sud a un potentiel rare. Que ce soit dans le secteur touristique ou celui de l’agro-industriel, les opportunités sont intéressantes et criantes. Pourquoi ne pas vouloir travailler au développement du grand Sud ? À qui un tel projet peut-il nuire? L’entraver, c’est enlever le droit à la vie et à l’espoir à plusieurs centaines de milliers d’habitants des départements du Sud, de la Grand-Anse, des Nippes et même du Sud-Est. Des millions de bras attendent impatiemment d’être mis au travail.  Les structures de développement sont là, il ne manque que la volonté et la vision d’un chef responsable, capable de conduire à bon port un projet de relance de l’économie du Grand Sud.


Quand nous parlons de structures de développement du Sud, nous faisons référence à l’aménagement de l’aéroport international Antoine Simon, à la mise en opération du port international de St-Louis du Sud et à la création d’une zone industrielle franche capable de générer des milliers d’emplois. Par contre, l’énergie électrique fait cruellement défaut depuis des lustres dans la région. Aucun signe de volonté manifeste de nos dirigeants pour trouver une solution aux grands maux de cette population pour laquelle personne n’a jusque là osé revendiquer un mieux-être.


Tout, dans la zone, se fait au singulier. Le grand Sud n’a qu’une seule route pour relier plus d’une cinquantaine de communes. À cause de l’insécurité grandissante, la Route Nationale numéro deux construite dans les années 80 n’offre plus la quiétude d’esprit d’avant, au point même de ralentir le flux de visiteurs potentiels vers ce coin recherché. Le système hôtelier a pris un coup dur depuis le passage du cyclone Mathieu. Ajoutée à cela, l’insécurité permanente qui règne à la sortie sud de la capitale haïtienne.  Ne pouvant emprunter aucun autre itinéraire que la Nationale #2, le potentiel touriste, désirant visiter le Sud et ses environs, se voit obligé de s’abstenir, face au danger représenté par ces gros calibres crachant le sang et la peur pour les usagers de cette route. Aucun développement durable ne pourra être fait dans la zone sans d’autres alternatives d’entrées et de sorties.
 

Par exemple, un aéroport international serait une belle avenue vers le développement durable. Sa présence augmenterait les possibilités dans la zone en termes de facilités de déplacement des habitants. Elle présenterait l’avantage de permettre un gain de temps considérable et augmenterait aussi la présence de visiteurs au grand bénéfice du secteur touristique. Ce qui aurait, sans nul doute, des répercussions directes sur ce secteur et sur bien d’autres. D’autant plus qu’un aéroport international est sur la liste des exigences faites par de nombreux investisseurs internationaux ayant un intérêt marqué pour ce coin du pays aux multiples opportunités. Par ailleurs, trois ou quatre départements seraient desservis par cet aéroport, ce qui augmenterait les activités économiques dans la région, créerait plus d’emplois et aiderait ainsi à diminuer le flux de l’exode massif vers Port-au- Prince. Ce serait un bon point de départ pour l’économie de notre région. Comme en atteste la présence d’un aéroport international dans le Nord d'Haïti. Doté d’une telle infrastructure, le Sud aurait pour la première fois la chance d’effectuer ses premiers pas vers une possible croissance de son économie. Plus d’emplois, plus d’opportunités pour le secteur hôtelier et les opérateurs touristiques, et surtout, plus de circulation de monnaie à l’intérieur de notre économie régionale si précaire.
 

Le grand Sud a beaucoup à offrir et c’est probablement ce qui effraie les ennemis du développement de cette région. Or, un développement homogène de ses secteurs transversaux serait idéal et bénéfique autant pour la région que pour les autres du pays. Imaginons un instant les avantages d’un échange commercial Sud/Sud avec les pays limitrophes à notre département. Que du beau à offrir ! Un tourisme à l’état brut, un paysage naturel et hospitalier sans pollution, une main d’œuvre disponible, un environnement vierge et attrayant. Plus de trois cents (300) sites touristiques naturels et historiques à explorer et exploiter. Tout cela nous rendrait trop indépendants et autonomes à leurs yeux.

Certains hommes d’affaires de la capitale voient d’un mauvais œil la construction d’un aéroport dans le sud. Même des sudistes ont joué et jouent encore le jeu de ces hommes d’affaires qui refusent d’accepter l’édification d’infrastructures dans d’autres régions du pays. Ces derniers s’inquiètent de la perte de leur monopole dans certaines activités ayant toujours été leurs sources nourricières. 
 

Pourquoi alors les sudistes refusent-il de parler d’une seule voix afin d’engager finalement le département sur la voie d’un développement durable ? Ce serait, tout à notre honneur, si le Sud donnait le grand signal de démarrage du processus de la décentralisation pour permettre un meilleur rayonnement économique de nos villes de province et un décongestionnement salutaire de la capitale haïtienne qui s’étouffe sous le poids de l’exode.

Jude Jacques Renaud Duvivier est originaire de la ville des Cayes, Chef-lieu du département du Sud d'Haïti. Là il a fait ses études primaire et secondaire jusqu'à la 4ème chez les Frères de l'Instruction Chrétienne (FIC), communément appelé Frères Odile Joseph. Installé à Por…

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