S’il est un pari, un seul dont notre chère Haïti peut se payer le luxe, à ce carrefour de son histoire de pays réputé libre et souverain, c’est celui de l’éducation et aucun autre. En effet, à cette intersection de l’inconcevable et de l’inacceptable où tous les fondements matériels et immatériels de notre existence de peuple libre se retrouvent menacés, pour ne pas carrément dire inexistants, notre pays, Haïti, a l’obligation morale et politique de faire le seul choix qui s’impose.
S’il est un pari, un seul dont notre chère Haïti peut se payer le luxe, à ce carrefour de son histoire de pays réputé libre et souverain, c’est celui de l’éducation et aucun autre. En effet, à cette intersection de l’inconcevable et de l’inacceptable où tous les fondements matériels et immatériels de notre existence de peuple libre se retrouvent menacés, pour ne pas carrément dire inexistants, notre pays, Haïti, a l’obligation morale et politique de faire le seul choix qui s’impose. Le choix de former par l’éducation, une éducation repensée, une nouvelle classe d’hommes, de patriotes qui sauront, 25 à 50 ans plus tard, relever le grand défi de redonner à ce coin de terre toute sa dignité et tout le respect qui lui est dû.
Comme bon nombre de pays qui, au prix de nombreux sacrifices, sont parvenus à prendre le virage de l’éducation, comme bon nombre d’hommes d’État, visionnaires et progressistes, qui se sont élevés au-dessus des clivages socio-politico-économiques pour adopter un agenda plutôt fédérateur, Haïti et ses gouvernants doivent, sans délai, tout mettre dans le seul panier de l’éducation. Cette décision devrait se justifier par le fait que, sans l’ombre d’un doute, la défaillance de l’éducation haïtienne se révèle être pour quelque chose dans les divers maux qui rongent notre société, si elle n’est tout simplement pas la seule et unique cause de notre décadence, de notre déchéance.
Sans vouloir contester la valeur économique de l’éducation, nous devons désormais encourager nos jeunes à penser autrement et, plus précisément, à cesser de voir l’école uniquement comme le passage obligé pour pouvoir répondre aux besoins du marché de l’emploi. Nous devons les amener à la considérer d’abord et avant tout comme foyer de développement d’êtres humains libres et décents, de parents responsables et de citoyens engagés. Nous n’avons cessé de claironner : Tant vaut l’homme, tant vaut la nation ! Tant vaut l’éducation, tant vaut l’homme ! Il est donc venu le temps, et ce sera indubitablement notre dernière chance, de passer de la parole à des actes concrets. Nous devons donc prendre toutes les mesures nécessaires pour désormais éduquer nos enfants et nos jeunes comme de futurs citoyens compétents et responsables.
Si, malgré l’ampleur d’un tel défi et nonobstant ses limitations, Haïti veut se hisser au niveau des pays avancés ou si, tout au moins, elle veut rejoindre le groupe des pays émergeants, il lui faudra d’abord et avant tout prendre et réussir le pari de l’éducation. Le prendre dans le sens où l’éducation devient la seule priorité ou la priorité des priorités pour au moins les vingt prochaines années. Le réussir dans la mesure où, dans environ 25 à 30 ans, les Haïtiens pourront, grâce à un système d’éducation modernisé et financé à sa juste valeur, être évalués aussi compétents que les ressortissants de nombreux pays similaires qui ont dû, face à des défis pareils à ceux qui sont le lot d’Haïti, faire le choix calculé et judicieux de prendre le pari de l‘éducation.
Il s’avère, à notre humble avis, que, face à la conjoncture résultant de nombreuses années de mauvaise gouvernance et de décisions malheureuses de nos hommes d’état, particulièrement dans le domaine de l’éducation, prendre un tel pari est la seule et vraie alternative consensuelle pour laquelle toutes les Haïtiennes et tous les Haïtiens devraient être prêts à se battre. Nos dirigeants ont, en effet, trop mis l’emphase sur des programmes trompe-l’œil plutôt que d’avoir une vision à long terme, capable de mettre à jamais le pays sur le rail du développement durable. À cet égard, nous devrions aller, s’il le faut, jusqu’à donner un vrai carton rouge à toutes celles et à tous ceux qui se révèlent être ou pourraient éventuellement être des agents anti-changements et freiner cet ambitieux projet patriotique.
L’élaboration des programmes d’études des différents niveaux et des différentes disciplines scolaires peut bien rester aux mains du Ministère central, un ministère renforcé à bien des égards pour mieux faire face aux différentes composantes de ce défi , mais les fonctions administratives doivent être transférées complètement aux niveaux régional et départemental. Ce sera, pourquoi pas, un début de la manifestation de la volonté de décentraliser les opérations, passage obligé pour que la République de Port-au-Prince et ses dictats cèdent leurs places aux capacités et esprits de créativité des régions ou des départements dont, assez souvent, les talents et les besoins diffèrent légèrement. Par ailleurs, le développement durable doit apparaître comme objectif transversal dans les nouveaux programmes scolaires et l’enseignement de ses tenants et aboutissants doit devenir une approche obligatoire peu importent la discipline et la population cible.
Xaraguayennes, Xaraguayens, Haïtiennes, Haïtiens, en ce début de décennie si inspirant par sa composition numérique 20/20, prenons toutes et tous ensemble la belle et nécessaire résolution de prendre le pari de l’éducation pour le bénéfice des générations futures ! Nous sommes à environ un quart de siècle plus tard du début de ce millénaire marqué essentiellement par les progrès de toutes sortes. Et, au constat de tout ce qui nous garde, volontairement ou involontairement, prisonniers et enfermés à double tour dans la prison du sous-développement, nous devons, sans hésitation et dans un dernier geste de sauvetage de la terre bien-aimée, léguée à nous par ceux dont nous commémorons les exploits en cette journée du 2 janvier, nous devons prendre le train du changement. Nous devons, particulièrement dans le domaine de l’éducation, nous résoudre à accomplir, dans un temps record, ce que nos voisins ou d’autres ont mis un demi-siècle à accomplir.
Si le pari lancé est pris et gagné, nous pouvons avoir la certitude qu’Haïti sera, dans un avenir pas trop lointain, dirigé par des femmes et des hommes non seulement compétents et responsables, mais aussi et surtout par des citoyennes et des citoyens fiers, honnêtes, incorruptibles, aimant le bien commun, animés d’une totale dévotion pour la mère-patrie, cultivant le culte de l’excellence…