Haytiens, nous avons aujourd’hui un choix très clair à faire : sauver ou perdre Hayti. L’ennemi est bien là. Drôlement, ce sont ces amis qui embrassent le pays pour mieux l’étrangler, qui sont prêts à le déchiqueter quand il s’enfonce dans des chicanes infantiles et stériles, qui utilisent des valets pour faire le sale boulot et les abandonnent sans état d’âme.
Haytiens, nous avons aujourd’hui un choix très clair à faire : sauver ou perdre Hayti. L’ennemi est bien là. Drôlement, ce sont ces amis qui embrassent le pays pour mieux l’étrangler, qui sont prêts à le déchiqueter quand il s’enfonce dans des chicanes infantiles et stériles, qui utilisent des valets pour faire le sale boulot et les abandonnent sans état d’âme.
Le jeu trompe-œil de l’ennemi : épisode 1
Mais, sachez tout d’abord que nos luttes fratricides font partie des distractions planifiées par l’ennemi pour détourner notre attention des objectifs inavoués. Il utilise différentes stratégies pour nous neutraliser et devenir maître de notre sol à notre place, en vue de prendre le contrôle de ses ressources. Il arme des apatrides pour nous appauvrir, épuiser, terroriser et nous déguerpir de notre lieu de vie. Il chevauche le bel étalon d’aide pour mieux nous piétiner, infantiliser, corrompre et nous faire perdre nos capacités. Aujourd’hui, nous avons déjà perdu presque tous nos espaces de liberté. Notre identité au sens large est mise en lambeaux, au point de ne pas reconnaître qui nous sommes vraiment. L’ennemi a pris le contrôle de notre tête, de notre ventre et de notre poche. Il ne reste qu’à nous enlever nos sandales. Notre territoire est violé de différentes façons et nous sommes là à le constater apparemment comme des résignés, voire comme s’il n’était qu’un simple cadeau et non le résultat d’une lutte acharnée pendant 3 siècles et de la prodigieuse victoire de nos ancêtres.
Le jeu trompe-œil de l’ennemi : épisode II
Aujourd’hui, nous fuyons massivement à l’étranger pour aller renforcer la réussite des autres, au lieu de lutter pour changer la donne chez nous. Nous devons aussi savoir que cette fuite n’est pas non plus notre propre initiative. C’est l’ennemi qui la manigance, l’organise et nous l’impose en douceur. Le poète et homme politique martiniquais, Aimé Césaire, l’appelle « génocide par substitution ». En fait, ce concept nous semble plus applicable aux premiers habitants de l’île, les Arawaks qui ont été exterminés et remplacés. Dans notre cas actuel, il nous paraît mieux indiquer de parler de « migration par substitution », c’est-à-dire pendant que les Haytiens laissent massivement le pays, l’ennemi arrive, s’installe, achète des maisons et occupe des espaces stratégiques. Si cela se poursuit à ce rythme, probablement dans une à deux décennies, nous serons à coup sûr minoritaires sur notre propre sol et nous ne possèderons que très peu. Nous serons totalement hors de contrôle de nos richesses. C’est là le danger imminent auquel nous, Haytiens, sommes exposés.
L’heure du réveil
Notre situation chaotique actuelle n’est pas une raison, ni une condition pour baisser les bras ou perdre espoir. Rappelez-vous que nous sommes fils de Soleil, descendants de grands visionnaires, rebelles, stratèges, bâtisseurs et guérisseurs. Face à la plus grande armée de l’époque et à des colons les plus sanguinaires, leur conscience a fait triompher l’unité malgré leurs différences. C’est ce qui manque aujourd’hui. Nous avons alors seulement besoin de changer d’attitude pour renouer avec notre aptitude et prendre de l’altitude. Autrement dit, il nous revient de nous réveiller, de commencer à vaincre notre peur, de nous défaire des pièges du matérialisme et de nous offrir en holocauste pour faire capoter ce système, comme ce fut le cas de 1791 à 1803, tout en mettant des balises pour ne pas refaire les erreurs de ce moment épique, qui n’ont cesse d’être depuis le talon d’Achille d’Hayti.
Conclusion
Notre mission n’est pas tout court de changer un homme, mais plutôt un système, en vue de faire Hayti renaître de ses cendres et devenir la perle des Amériques. Il s’agit d’un nouveau système fort et progressiste, bâti dans le roc de l’intégrité, de l’inclusion, du mérite et de la protection du bien commun. Nous sommes tous concernés. Nous serions encore plus heureux chez nous dans nos villages, dans nos belles maisons, sur de belles plages ensoleillées, sur des routes bien tracées et balisées, dans des ports et aéroports de standards internationaux, dans des espaces de sports et de loisirs, des magasins et marchés populaires bien propres ; dans un pays où nous avons accès à des services de santé, d’éducation, de justice, d’énergie, de communication, d’eau et d’assainissement de qualité, et où il existe la sécurité et le vivre-ensemble ; dans des jardins où règne l’abondance, sur des crêtes de montagne surplombant un paysage luxuriant à couper le souffle, nous donnant aussi à admirer des vues imprenables sur nos plaines, nos villes et les eaux turquoises de la mer jusqu’aux confins de l’horizon.
Tel un programme-pays que tout gouvernement progressiste peut s’approprier en continuité pour apporter enfin le bonheur au peuple, et permettre à Hayti de tenir dignement sa place dans le concert des nations.