Une rue en l'honneur d'un Cayen d'exception!

Votre adresse, s’il vous plaît ? :
… rue Gérard CHALVIRÉ, Les Cayes.

Je n'ai pas été Maire de la ville des Cayes, mais CONSEILLER TECHNIQUE de la Mairie, cadre formé à l'INAGHEI, sous le gouvernement de Jean Claude DUVALIER, aux frais de la République, avec pour titre : AGENT D'ENCADREMENT COMMUNAL. C'est le plus grand diplomate haïtien de l'époque, Me Gérard Docelly, qui était Doyen de l'INAGHEI lors.

Après ma certification, j'ai été mis à la disposition de la Mairie avec le grade de “ AGENT D'ENCADREMENT COMMUNAL “ en Octobre 1981. J'étais devenu à un moment donné, le cerveau de l'Administration Communale sous Gérard CHALVIRÉ en l’occurrence. Il m'avait toujours respecté comme tel.

 

En 1989, au moment où je m’apprêtais à devenir Maire de la ville, la mouvance des Petits Soldats, déclenchée à Port-au-Prince, sous le gouvernement du Général Proper AVRIL, le jeune Officier, Capois RÉGIS, originaire des Cayes, mon ancien élève au Collège St-François-de-Sales, fondé par le mémorable Jean-Marie DOUYON, était venu aux Cayes, mobiliser les Petits Soldats. C'est lui qui m'a invité à cette rencontre qui allait se tenir le lendemain matin aux Casernes des Gabions. Capois RÉGIS, jeune officier des FAD'H avec le Lieutnant Wilfrid THÉLUSMA, dit Tropicana, présidait cette grande réunion. Le Capitaine Jean Évans GÉDÉON, les Sergents PIERRE Mésadieux et JOCELYN Eddy et toute la cohorte de Gendarmes étaient visiblement contents de me voir et ravis de jeter leurs dévolus sur moi pour être le nouveau Préfet des Cayes et de Port Salut en remplacement du Dr Maxime CALIXTE à qui ils reprochaient son charactère trop brut et son manque de sociabilité.
 

L'affaire a traîné un peu en longueur parce que le gouvernement avec intelligence collectait des informations sur ce Jean William GUILLAUME. Et finalement, un dimanche, le 17 avril 1989, j'ai reçu un appel de SANON Pierre Richard, originaire de Maniche, un autre ancien élève de chez les F.I.C.; très bon ami et condisciple de classe du Sergent-Major Chef JOSEPH Heubreux. Il travaillait lors à la Direction Générale du MINISTÈRE DU COMMERCE ET DE L'INDUSTRIE. Il m'a informé que le Général Président AVRIL veut me rencontrer demain 18 avril au Palais National. Le lundi 18 avril 1989, la rencontre eut lieu effectivement. Et, j'ai laissé les bureaux du Général Président avec ma commission de Préfet. Le lundi suivant, soit le 24 Avril 1989, j'ai prêté le serment d'usage au Tribunal Civil des Cayes.

Tout ce luxe de détails et d'informations pour vous rappeler que les affaires de politique et de gestion communales me sont plutôt coutumières donc familières.

Concernant le nouveau toponyme de la rue en question. Elle ne s'appelle pas Chateaudin; mais CHATEAUDUN. Toute la zone, depuis le Warf : Place Simon BOLIVAR, la Douane ou la Mairie d'aujourd'hui, le présent Complexe Administratif, le Complexe LA CAYENNE, l’Église Sainte-Thérèse… toute cette partie limitée par la Ravine-du-Sud, appartenait à Monsieur BEAULIEU. C'est pour cette raison que la zone a toujours gardé ce nom de BEAULIEU, de son ancien propriétaire.

Monsieur BEAULIEU avait fait venir un certain Monsieur CHATEAUDUN pour lui confier la gestion d'une partie de ses biens immobiliers, étant trop souvent absent. C'est dans cette location, laquelle porte le nom de CHATEAUDUN, plus précisément face à la Salle Saint-Louis, dèyè kày les Delpêches, aujourd'hui la Salle des Témoins de JÉHOVAH que Monsieur CHATEAUDUN habitait. On comprend alors pourquoi cette rue s’appelle ainsi.

Monsieur Gérard CHALVIRÉ fut Magistrat de la ville. Or, bien avant qu'il ne fût devenu chef de l’Édilité Cayenne, il commença à faire l'acquisition de son vaste domaine immobilier qu’il développera par la suite, tikras pa tikras nan men moune nan zòn lan. Le plus grand propriétaire de la localité à cette époque s'appelait LAMARRE. C'était un métis de type mulâtre, un militaire au grade de Caporal dans les Forces Armées d’Haïti. Je me souviens encore de ses enfants dont Georges LAMARRE qui, lui aussi, devint militaire. Il fut mon condisciple de classe au Lycée Philippe GUERRIER. La propriété de LAMARRE était très étendue, planté uniquement en cocotiers, bananeraies et manguiers mais inhabitée. Tous les enfants de la région, les jeunes garçons surtout en saison de grandes vacances et aussi les badauds allaient y cueillir des mangues. À cette époque c’était un immense domaine zoné marécageux; M. CHALVIRÉ, Maire, en faisait un site de décharges d’immondices où l’on déversait tous les fatras, rebuts et autres résidus solides provenant de la ville, en prévision du remblaiement de ce sous-sol spongieux. À maintes reprises la question fut posée à Monsieur CHALVIRÉ au cours des réunions à la Mairie, à savoir comment il s'y prenait pour acquérir autant d’acres ou de mètres carrés de superficie ? Il répondait qu’il se faisait toujours délivrer un acte de vente, un reçu conforme signé du propriétaire, duquel il faisait une acquisition aussi minime soit-elle.

Le nom de Gérard CHAVIRÉ est déjà inscrit en lettres d’or à plusieurs endroits dans les annales des temps modernes de la ville des Cayes. Gravé et buriné, il y sera à côté de tous les GRANDS CAYENS comme Antoine SIMON, Clausel SICARD, Legagneur JACQUES, Alphonse PIARD, Marcel LUBIN, René MATAR, Mgr Jean Louis Joseph COLLIGNON, Père Roland LUSSIER, Marcel MATHIEU. Ces trois derniers sus-cités furent des citadins sudistes d’adoption; de bonne foi ils ont trimé ardemment pour mériter leur place au Soleil du Panthéon des GRANDS CAYENS.

C'est plus que louable, c’est même à féliciter que la Commission Communale des Cayes ait pensé à honorer ce jourd’hui 20 Février 2022 la mémoire de feu Monsieur Gérard CHALVIRÉ, l’Alcade.

Le moment est-il toutefois propice á cause de l’incertaine situation sociopolitique que vit le pays depuis quelques temps déjà ? M. Gérard CHALVIRÉ, à partir des Institutions telle LA CAYENNE qu'il nous a léguées de concert avec sa digne et inséparable épouse l’honorable feue Mme Marthe TAVERNE CHALVIRÉ, n'appartient plus à la communauté des Cayes de la Plaine-du-Fond seulement; mais, à la " RES PUBLICA" tout entière. Combien de Cayens domiciliés à Port-au-Prince et des résidents dans la diaspora auraient aimé apporter la vibrante chaleur de leur fière présence participative afin de réhausser l'éclat de cette belle et grandiose fête des retrouvailles; j’oserais la prénommer ainsi.

Quoiqu’il en soit, applaudissons très chaudement Madame le Maire Marie Michelle Sylvie RAMEAU et découvrons-nous une fois de plus devant ce rude, ce modèle de travailleur que fut Gérard CHALVIRÉ auquel sera peut-être dédié prochainement un buste en bronze… Why not ?