l faut voyager, parcourir le territoire d’Ayiti pour mieux apprécier son histoire, vivre sa beauté et l’aimer.
Ne dit-on pas que les plus beaux joyaux de Dieu sont enfouis sous une boue épaisse, attendant que le moment propice arrive pour se révéler à ceux-là qui auront la responsabilité de les mettre en valeur ?
Il faut voyager, parcourir le territoire d’Ayiti pour mieux apprécier son histoire, vivre sa beauté et l’aimer.
Ne dit-on pas que les plus beaux joyaux de Dieu sont enfouis sous une boue épaisse, attendant que le moment propice arrive pour se révéler à ceux-là qui auront la responsabilité de les mettre en valeur ?
Ayiti nature, Ayiti culture, Ayiti histoire et patrimoine pour en rester là. La presqu’île du Sud à elle seule, porte très haut ces atouts de toute Ayiti. Le Xaragua, le fameux Xaragua de la Reine Anacaona, incluant une partie de l’actuel département de l’Ouest, est unique dans sa géographie, dans sa géologie, dans sa biodiversité. Elle propose des sites d’une beauté à couper le souffle. Déjà, dans les hauteurs de Martissant où se trouve l’Habitation Leclerc et le Parc de Martissant en passant par les Dalles, on jouit d’une vue de la baie de Port-au-Prince, libérée de la ville. Elle est protégée d’un banc de récif, qui impassible, attend les armateurs et amateurs incrédules, le premier rempart de la ville est invisible.
Lorsqu’on s’enfonce plus loin dans la péninsule, on rencontre le Léogane (Yaguana en Taïno) de Ça Ira et de Darbonne avec la plaine au milieu portant le même nom que la ville. Cette terre fertile qui garantissait, au prix de peu d’effort, la sécurité alimentaire de ses enfants. A gauche, la montagne et ses grottes, les sources multiples alimentant la Rouyonne et ses confluents, avait donné naissance à des forêts épaisses qui ont protégé la ville et aussi participé au marronnage en offrant aux opprimés des havres de paix et aux combattants de la liberté, des quartiers généraux pour déployer leurs stratégies en toute quiétude.
Les artisans d’aujourd’hui traduisent les émotions de l’espace avec leurs burins, leurs bédanes en faisant parler les pierres des rivières. Les expressions qui en ressortent disent tout le talent de ces jeunes. La muse Taïno anime encore les lieux.
En poursuivant le périple pour mieux faire connaissance avec la péninsule, on tombe sur le massif de Tapion en laissant la grande baie « Grand Goave » pour répéter les Taïnos, qui offre aujourd’hui encore des excursions pour traverser en pirogue (bwa fouye) jusqu’à l’îlet encore vierge, avec un pourtour de sable blanc pour conférer tout son turquoise à la plage.
On tombe sur la massif de Tapion disais-je ; en faisant un stop à Vallue, communauté de la 12eme section des Fourques, dans la commune de Petit Goave ; au grimpant, on peut observer une vue unique, en simultané, des deux baies.
La morphologie de la structure montagneuse, les vagues concaves et convexes vous surprennent de temps à autre avec la découverte de plantes et de fleurs d’un inattendu désarmant, de formations rocheuses qui vous parlent de l’âge des lieux. Arrivé au sommet, à Piton, on peut observer les lits des rivières en bas où, jadis, baignaient les rochers majestueux, gardiens des temps et du temple. Au loin, le fort Gary vous invite à la balade au creux des montagnes pour gambader dans le « dèyè mòn gen mòn » de notre bon vieux créole.
A la descente de Tapion, vers la ville de Petit Goâve, en s’arrêtant un moment, la baie se libère de ses mystères, j’ai déjà pleuré de joie sous le charme de cette vue qui s’anime sous vos yeux, cette vue qui vous anime et génère un puissant sentiment de bonheur.
Plus on s’avance vers le Sud, plus on s’aperçoit de la beauté de ce pays. De l’étang de Miragoane qui fleurit de son grand sourire jaune et vert, jusqu’à la baie des Baradères avec Gran Boucan en face. Le Département des Nippes est riche. Entre Payan, Salagnac et la plaine des Bacconois avec une descente vers la Petite Rivière de Nippes pour profiter d’un arrêt au Saut du Baril, comme on dit en Anglais, «it is breathtaking .»
L’Anse-à-Veau et ses montagnes, ses secrets culturels, le vieil arbre centenaire aux cinq troncs de chez Gesner, les champs de canne aux abords de la rivière de l’Anse-à-Veau. Autant de joyaux qui attendent d’être mis en valeur.
Il reste à connecter les versants est et ouest des Nippes en reliant Petit Trou de Nippes à la Grande Anse.
On est bien obligé de redescendre vers le sud pour contourner la péninsule afin d’atteindre la fameuse ville de Jérémie et les autres contrées de la région. Ce détour qui peut paraître non approprié, est l’opportunité de voir la baie d’Aquin. La péninsule du Sud a gardé pas mal de noms de ses lieux avec la sonorité Taïno.
La baie d’Aquin est une merveille écologique. Des mangroves d’une rare densité qui attirent les spécialistes du monde entier. Une zone de pêche qui assure le quotidien des habitants-pêcheurs de la région concentrant un large répertoire d’espèces marines dont plusieurs sont endémiques de la République.
Arrivé au carrefour du boulevard des quatre chemins aux Cayes, le détour consenti vers la commune de Camp-Perrin est très instructif. Le barrage sur la Ravine du Sud et le canal à partir de la Prise alimente la ville en eau, tant pour les services domestiques que pour l’irrigation. L’escapade vers Saut Mathurine offre une pause baignade pour aussi faire profiter à ses yeux de la beauté de la chute, mais aussi bien au cœur de la vibration élevée de l’espace immergé dans une nature luxuriante.
On poursuivra la route vers Jérémie. Duchiti, la Rivière glace sans omettre Plaine Martin réputée pour ses champs d’ignames à perte de vue ; l’ensemble est un vrai régal. Plongée au creux des montagnes, la route conduit à Beaumont où grottes Tainos, champs de café et rivière accompagnent la population au quotidien et enrichit les visiteurs.
Plus loin, vers Roseau, les Pipirit, sorte d’embarcation en bambou assurant la navigation et le commerce sur le fleuve surprennent les visiteurs ; puis en redescendant au niveau de la mer, longeant les quelques cinq kilomètres de plage azurée de la commune du même nom d’où l’on peut voir, le soir, les lumières des villes côtières du sud de Cuba, on a le souffle court et des palpitations qui envahissent la poitrine.
Jusque-là, je me suis arrêté à la nature, à la géographie et à l’écologie. A Jérémie, c’est le passé culturel de la ville qui interpelle, les poètes, les écrivains etc. Mais aussi, en fouillant un peu plus, on revient au commerce extérieur avec le port ouvert qui favorisait les échanges culturels avec l’Europe. La ville des Dumas, des Vilaire et de tant d’autres dont les plumes ont fait honneur à la nation.
Le bois de campêche très utilisé dans la teinture partait de là et de St Marc dans l’Artibonite vers les pays importateurs. Les autres communes côtières comme Corail et Pestel regorgent elles aussi de tant de beauté naturelles. On se rappelle encore des extraordinaires fêtes de la mer avec course de voiliers dans la baie de Pestel. Des randonnées vers la petite Cayemite et sa plage inoubliable de pointe sable.
La nature accueillante des populations locales, sans complexe et tout sourire ; Il a fait bon, y vivre, ne serait-ce que pour un jour ou deux.
De retour sur Carrefour Charles, on pourrait redescendre vers l’autre versant pour visiter Moron, Chambellan, Dame-Marie, Anse d’Hainault et les Irois, sans oublier Bonbon et les Abricots. Voir les plages des anses d’Azur et du Clair et rêver de bonheur. Aujourd’hui, grâce aux efforts d’une organisation locale, La Fondation El Vécina St Martin (FESMAR), basée à Dame-Marie, un produit touristique d’envergure a été initié : La Route du Cacao, pour mettre cette denrée en valeur et à travers elle, inviter à connaître la Grande Anse sous un jour nouveau.
Pour remonter, encore une fois, Tiburon et les Irois ne sont pas reliés, faute de route. Il faut donc rebrousser chemin pour se retrouver au carrefour des quatre chemins et prendre à droite, direction Torbeck et la plaine des cayes pour apprécier les rizières ; plus loin, Port-Salut est ses plages, toute la côte est une merveille jusqu’à Tiburon. Des kilomètres de route entre plage et montagne avec des sursauts de ville comme Côteaux, Port-à-Piment et la fameuse Grotte Marie Jeanne, Chardonnières, Les Anglais.
Le maillage routier a existé dans le temps. Les pistes sont encore là, mais impraticables sur quelques tronçons. La Grande Anse et le Sud au Sud, La Grande Anse et les Nippes au Nord. On pourrait citer un autre qui fait défaut, entre les départements du Nord et du Nord-Ouest, pour relier le Borgne à Anse à Foleur.
Dans cette péninsule du Sud, Il y a pas mal de références historiques à travers le patrimoine bâti, les plus connus : le fort Royal à Petit Goave, le fort des Oliviers et le fort St Louis dans la région de St Louis du Sud. Malheureusement, du fort des Oliviers, il ne reste pratiquement que du gravât, suite au séisme dévastateur du 14 août 2021.
Sur le chemin du retour, c’est au carrefour 44, qu’on fera le détour vers le Sud-Est pour apprécier Côte de Fer et Bainet jusqu’à Jacmel. Bainet qui surplombe la mer, est connue pour ses forêts d’acajou et de catalpa (connu comme le chêne haïtien). A Jacmel la culture, les arts et l’artisanat sont très présents. Galeries d’art, centre de lecture etc. sont dans le quotidien de la population. Le Jacmel de Roussan Camille et de René Depestre, d’Alcibiade Pommayrac et de Seymour Pradel, sous un autre registre, le Jacmel d’Hannibal Hilaire et d’autres, sont autant de références qui meublent l’histoire de la ville, en plus de son port commercial, de son réseau électrique, le premier de la République etc.
De là étant, on peut se diriger vers Marigot et ses hauteurs, avec notamment, Fond Jean Noel, ou une autre initiative touristique d’envergure est en activité depuis 2015, La Route du Café. Fond Jean Noel est ouvert sur Macary et Berry comme sur Baie d’Orange et Seguin. De là, on peut s’enfoncer dans le bas Sud-Est jusqu’à Belle-Anse et aux Pedernales à la frontière avec la République dominicaine.
Belle-anse est aussi connu pour son café, ses plages, ses grottes et ses cascades, notamment la cascade Pichon. Il serait bon d’intensifier le trafic maritime entre Marigot et Belle-Anse et créer des excursions magnifiques, aller participer à la pêche sur les Dispositifs concentrés de pêche (DCP) installés dans la zone, admirer les bans de dauphins qui offrent des spectacles, en saison, le long de la baie etc.
A tout cela, s'ajoutent les richesses écologiques, la richesse de la biodiversité et les richesses minières. Plusieurs kilomètres d’iridium entre Belo sur la route de l’Amitié et Payan, tout le Port-Salut regorgeant de pétrole et de gaz naturel, la plaine du Cul-de-Sac qui fait aussi partie du Xaragua mais que nous n’avons pas visité dans le cadre de ce périple virtuel, avec le lac Azuei dont le sol argileux et soufreux regorge de gaz naturel aussi sans parler du golfe de la Gonave.
Enfin, en faisant le tour, on se rend bien compte que notre chère Ayiti a seulement besoin d’être aimée par des filles et des fils dignes, conscients et compétents, prêts à se mettre au travail pour inventorier, planifier, négocier, structurer et implémenter son avenir et ses jours de gloire.