Je ne suis pas particulièrement fan de l’approche dogmatique des religions en général, mais je me réjouis du concept de l’eucharistie, dans ce cas particulier, parce qu’il me facilite la tâche d’expliquer ce qui me laisse en admiration devant l’être féminin.

 

Je ne suis pas particulièrement fan de l’approche dogmatique des religions en général, mais je me réjouis du concept de l’eucharistie, dans ce cas particulier, parce qu’il me facilite la tâche d’expliquer ce qui me laisse en admiration devant l’être féminin.

Dans le dessin on peut remarquer deux spirales, l’une en haut représentant la glande pinéale qui sert d’antenne entre le monde cosmique et l’espace objectif ; en bas, l’autre spirale qui représente le cœur, l’organe récepteur qui accueille l’énergie sous sa forme émotionnelle et qui transmet ensuite les signaux au cerveau qui a le rôle de les décoder.

Chez les catholiques, on appelle cela la communion, avec le monde Christique ou avec Dieu, dit-on. Oui, la communion, nous comprenons la communion avec la dimension non palpable de notre existence. Communion, communication, rapprochement, ou tout simplement la connexion avec notre être supérieur, canal par lequel nous est transmise la connaissance de toute chose.


 

A l’opposé des concepts qui laissent entendre souvent que le cerveau est le siège de l’intelligence, nous croyons que le cœur est le berceau de l’intelligence véritable, affranchie des limitations du temporel. Cette intelligence qui va lire jusqu’entre les lignes de lignes non encore écrites est ce que nous appelons, généralement, le sixième sens, inné, de la femme.

Tous les êtres en sont capables, certaines personnes sont intuitives et/ou inspirées ; des initiés, artistes ou scientistes, jouissent souvent d’un développement avancé de ce sens et en font bon ou mauvais usage.

Chez la femme, c’est un état naturel, ça fait partie de son dessin originel. On irait jusqu’à dire que c’est sa raison d’être. Cette faculté lui dicte une façon différente d’aborder la vie qui parfois se trouve en opposition avec celle de son entourage masculin. Mais c’est dans cette vision qu’elle trouve l’ancrage qui garantit à la famille et par extension, à la société, sa stabilité et son équilibre émotionnel.


 

Pour ramener le débat sur terre, c’est à Jacmel que j’irai faire un tour dans mon enfance pour revisiter ces femmes qui ont vécu pour nous les jeunes de l’époque, pour la ville, accordant à leur cœur le loisir de faire vivre les autres.

Je revois encore ma grand-mère, cette femme forte qui du haut de son balcon, même après le décès de son époux, diriger « la cour Lemaitre » au Bel Air, avec une boulangerie, un service de moulinage de maïs et une usine à gazeuses, on y fabriquait le cola « Ecusson ». Florania Giordani Lemaitre mieux connue comme Madan Louis ou Man Louloune pour les intimes, était souvent sollicitée sur pas mal de décisions, il y avait les consultations familiales mais aussi celles concernant la municipalité.

D’autres femmes, comme mon autre grand-mère, Fernande (Bébé) Hilaire Dérose, même vivant à Chicago durant les dernières années de sa vie, était consultée sur les affaires de la communauté, de l’autre côté de la Gosseline (Lòt bò dlo). Annette Hilaire Sanon (Madan Byron ou Tante Joujou pour les intimes) avait tout son poids dans la balance du quartier. Boss Georges, mon tout premier coiffeur, aussi bien que le grand Eders Pierre-Louis, pour ne citer que ceux-là, s’assuraient d’avoir sa bénédiction avant de prendre certaines décisions.

Et tant d’autres femmes, de cette époque, qui ont marqué la ville et ma génération. Parmi elles, aujourd’hui encore, Michaëlle Craan (Manman Jacmel), de la génération de ma mère Claudette Lemaitre, continue d’influencer, de modeler les destinées de la ville.

Plus proche de nous, il y a environ quinze ans depuis que j’ai recommencé à fréquenter le Sud-Est et ceci, dans ses entrailles les plus profondes, j’ai rencontré d’autres femmes, jeunes et moins jeunes de la paysannerie, qui m’étonnent par leur sens de responsabilité, leur pragmatisme et le dépassement de soi.

Elles font montre, particulièrement mes collaboratrices directes de la Route du Café à Fond Jean Noël, d’une assurance parfaite sans laisser leur égo l’emporter sur leur réalité. La tête haute, sans fausse modestie mais aussi sans arrogance, elles portent leurs responsabilités et accompagnent leur communauté au mieux de leur capacité. Autrement dit : elles s’assument et elles assument. Merci à Ianne Douce, Yvrose, Clénita, Medjine, Rosita, Rosenie, Tatie (Madan Lifèt)…

Je suis convaincu, que cette eucharistie naturelle, innée, est pour beaucoup dans cette capacité de s’assumer qui fait que la femme peut être plus pragmatique même si souvent, de l’autre côté de la barricade, on se demande quel débat entreprend son cerveau pour comprendre les choses de telle ou telle autre manière.

Dieu merci, nos questionnements n’empêchent pas à nos mères, nos sœurs, nos épouses, nos amies, nos concubines ou nos maîtresses de continuer à vivre leur eucharistie et à Aimer ; dans le cas contraire, comme on dit, l’humanité serait bien mal barrée.
 

A propos de

Rudolf Dérose

Rudolf Dérose est né à Port-au-Prince, sa situation familiale, très jeune, le conduit en province où il fait connaissance avec le mode de vie en région, il apprend à apprécier ses charmes et ses richesses.

De retour à Port-au-Prince à l’âge de 12 a…

Biographie