Editorial
Publication du 15 Juillet 2021
14 July 2021
Le temps qui passe et ses confusions destructrices de l’homme haïtien
Le temps qui passe et ses confusions destructrices de l’homme haïtien
Pour ceux d’entre nous qui avaient eu l’heureux privilège de grandir dans les années 1960-1980 en Haïti, dans une innocence complète des choses de la politique dont seuls les adultes s’en occupaient ; de l’insouciance communautaire où les « matant », « les tontons » et tout le voisinage veillaient sur nous,...quand la vie était moins compliquée. Les temps présents sont vraiment confus, difficiles à accepter, malgré les sophistications qui viennent de nos expériences en terre étrangère car, nous voyons des générations de jeunes haïtiens à qui la société minée par la politicaillerie a volé leur enfance ; la corruption à plein poumons, les réseaux sociaux mal utilisés, une presse biaisée et criarde depuis le départ de Jean-Claude Duvalier en 1986, le système éducatif en baisse considérable et en vraie déperdition déliquescente contribue à la formation d’êtres sociaux arrogants, agressifs, ingrats, criminels, … qui vont se cacher derrière leurs diplômes pour réclamer haut et fort leur droit de cuissage de la République Haïtienne et de la chose publique, en devenant sénateurs, députés, magistrats, ….même l’église n’est plus ce refuge autrefois recherché. Tant de prêtres et de pasteurs chimères, vagabonds, corrupteurs et corrompus… Une société haïtienne en vraie débandade.
Les générations actuelles n’ont jamais eu la chance de connaître un jour de paix décente où le citoyen et la citoyenne peuvent vaquer avec aisance à leurs occupations. Tout le monde court, tout le monde se réfugie dans l’ambiance malsaine de parler, parler, parler sans cesse à tort et à travers. Plus rien ne choque ! Les cadavres sont dénudés de leur sacro-sainte intimité et, lorsqu’il s’agit d’un président de la république ou d’autres personnalités célèbres en situation humaine, il y a une frénésie à partager. Est-ce une façon de rendre plus proche du commun des mortels les VIP ? Il n’y a plus de conversations d’adultes et celles des enfants. Les enfants sont exposés à l’insanité collective. En 1986, malgré toutes les manifestations virulentes, jamais on n’avait pensé à fermer les écoles des enfants ni à les intimider. Le « peyi lok » nous a enseigné que tout était possible dans la pire des situations de la vie républicaine en Haïti. C’est tout justement le règne de la terreur. Puis est venu le temps de la Covid-19 avec son cortège de difficultés pour circuler dans son propre pays. Quand ce ne sont pas les kidnappings, ce sont les bandits qui bloquent à partir de Martissant quatre (4) départements : sud, sud-est, grand-anse, Nippes. Les denrées des marchandes de ces départements pourrissent faute de circulation ; pour aller de Léogâne à Port-au-Prince ceux qui le peuvent doivent venir à Jacmel pour prendre l’hélicoptère qui dessert le sud-est et l’ouest en 12 minutes. Combien de gens peuvent se permettre de payer $375 dollars USD pour un trajet aussi court mais nécessaire, quand on a une urgence en terre étrangère, un rendez-vous d’affaire important ou que l’on veut protéger sa vie ? La logique de plus d’un : «mieux vaut payer cette somme » que de tomber entre les mains de kidnappeurs qui demandent des millions de dollars que personne n’a pas ! »
Nous sommes tous devenus des lâches ! Où est passé ce peuple vaillant qui a fait 1804 et tant d’autres faits d’armes remarquables ?
Aussi, comprends-je pourquoi qu’il n’est plus étonnant d’entendre des hommes et des femmes de la génération de la tranche d’âge entre 45 et 65 ans exprimer leurs mécontentements avec non seulement des opinions acerbes bien arrêtées mais surtout avec cette pointe de nostalgie des temps qui ne reviendront plus !
Haïti ! Notre Haïti ne doit pas mourir ! C’est le slogan /ou le conseil de plus d’un cependant notre attitude nonchalante, notre manque de détermination pour bâtir ensemble un avenir meilleur est vraiment désolant. Nous avons galvaudé nos talents en agriculture, nous ne produisons plus rien qui puisse nous nourrir alors qu’il y a eu une génération qui ne jurait que par « Haïti, pays essentiellement agricole ! » et une certaine génération y croyait tellement que le feu candidat à la présidence de la république, Louis Dejoie Père avait pour slogan de sa campagne présidentielle : « la politique de la terre : la seule, la vraie ! ». Depuis 1986 nous dépendons de l’étranger pour nous nourrir. Nous ne produisons plus assez d’œufs, de riz, de viande et autres denrées importantes. Notre cheptel et tout le bétail sont remplacés par les « zel kodenn , poule mouri ak vye pwason ki soti l’on ne sait où ».
Le temps qui passe nous plonge dans un désarroi complet comme peuple , il nous faut revenir pour prendre soin de nous et faire fermer la gueule à des racistes comme Philippe Zeymour qui , l’autre jour dans une interview à la télévision française a fait comprendre que « dans un pays comme Haïti la notion de peuple n’existe pas, comme en France où il y a un peuple français ». Vraiment du grand n’importe quoi, lors même que la France a contribué énormément à la décrépitude d’Haïti avec les différents coups d’états contre nos chefs d'État et en dictant leurs quatre volontés pour détourner le pays de son avenir. Que la lumière soit ! Sursum Corda !
Aidez Xaragua Magazine à rester indépendant
Rejoignez cette communauté qui aide les journalistes et collaborateurs de Xaragua Magazine à garder leur liberté de pensée
Impliquez-vous en faisant un don