Xaragua, sa voix, ses engagements et son avenir
La cloche ayant sonné la fin de l'intermède et le peuple-maestro ayant annoncé la reprise du concert, Xaragua, toute fébrile, s’agite et devient anxieuse rien qu’à penser aux attentes qui accompagnent la troisième voix qu’on lui demande d’entonner. 

Xaragua a toujours chanté avec justesse. Mais, dans ce tintamarre cacophonique devenu la norme, Xaragua se demande avec raison si, comme dans un passé très très lointain, elle saura s'élever au-dessus de la foule et chanter cette première note indiquant que le temps des répétitions est révolu. Xaragua a réalisé que ce concert est la dernière chance pour l'orchestre de montrer au monde entier que son titre de premier orchestre noir n'était pas un cadeau. Elle a aussi compris que seuls peuvent faire une réelle différence les musiciens dont le cœur bat vraiment au même rythme que celui du peuple qui, pendant trop longtemps, n'a pas eu accès aux délices de la musique. 

 Xaragua a récemment partagé ses rêves par rapport à son avenir dans ce grand orchestre et exprimé sa foi dans la capacité de chaque musicien à l’élever à la hauteur d’un orchestre moderne et émergeant. La voici aujourd'hui prête à s’exécuter dans une troisième voix qu’elle veut être sa contribution à l’œuvre de refondation si longtemps souhaitée. 

Xaragua a du mal à se remettre de la dérive de certains de ses enfants qui, par leur cupidité, se sont rendus responsables, en partie, de l'échec des derniers concerts. Xaragua veut s’extirper de son mauvais rêve et se réveiller. Elle est devenue consciente des causes de ces échecs. Elle veut rejeter à jamais le choix émotionnel et non judicieux de musiciens n'ayant aucun don pour ce genre de musique, ni aucune préparation pour cette compétition de haut niveau. 

Nous avons vu certains musiciens utiliser diverses scènes pour fredonner leur troisième voix, et d'autres les utiliser pour rappeler à ces derniers qu'ils ne sont ni autorisés ni dignes de participer au concert. Plutôt que de vouloir prendre la défense de l’un ou l’autre des deux camps, nous perdons patience à les voir ramener le but de ces concerts à leurs seuls intérêts ou aux avantages de ceux qui les ont fait entrer dans l’orchestre. Eux qui, avec arrogance, occupent tout le banc au mépris des spectateurs bien longtemps patients, malgré leur position inconfortable. Patients dans leur attente de notes moins discordantes, plus plaisantes, plus apaisantes pour leur faire oublier leur faim, leur chômage, leur manque de services de santé et d'éducation, et au point d'espérer qu'enfin un regard désintéressé soit jeté sur eux et leur kyrielle de problèmes. 

Xaragua se doit d’être prête non seulement à signer la partition nationale appelée à régir les mesures justes et nécessaires à l’exécution de la musique d’harmonie tant attendue, mais aussi à jouer, sans retenue, ses notes propres dans le grand chœur proclamant un air de refondation. Elle doit prendre des engagements clairs en tant que membre du grand orchestre. Engagements dans la réécriture de la partition, dans la distribution des rôles, dans la s-élection de musiciens qualifiés, dans l’évaluation des notes jouées, comparativement à celles écrites sur la partition nationale, ainsi que dans une nouvelle répartition des richesses générées.

Ne s'improvise pas chanteur qui veut ! N’est pas musicien qui veut ! Nous le savons. Mais, reconnaissons que la beauté et l'excellence d'une pièce musicale résulte de la mise en commun des talents des différents musiciens et que cette pièce n'a aucune valeur si chaque voix est entonnée séparément, si chaque instrument est joué séparément. Convaincus que c'est la communion de toutes les voix et de tous les instruments qui accouchera de la parfaite symphonie, nous vous invitons à joindre votre voix à celle de Xaragua, car son avenir est intimement lié au vôtre.