Editorial
Publication du 30 Septembre 2020
28 September 2020
Dans toutes les sociétés, on se préoccupe du sort de la jeunesse. Les parents diront qu’à leurs yeux leur progéniture aura toujours besoin de leur protection. La société a souvent peur d’une jeunesse qui se « détériore » et qui se laisse aller dans une insouciance qui dépasse tout entendement. Aujourd’hui on se plaint des activité « carwash » et des soirées « rabbòday » qui pour certains sont les preuves d’une nation en pleine dégringolade. Il est fréquemment avancé que les jeunes ne suivent plus les bons modèles, que l’argent facile est devenu la seule boussole de jeunes gens perdus dans un monde inconnu. On prétend aussi que la musique moderne ne porte plus de messages à éclairer les pas des moins âgés. Qui oserait comparer le vide du rap créole à la musique porteuse d’espoir de Emmanuel Charlemagne ?
On dit que chaque individu est révolutionnaire avant ses trente ans et devient plus conservateur avec l’âge. Il est donc évident que les vieux d’aujourd’hui oublient surtout qu’ils étaient les jeunes d’hier et que les pratiques de leurs jeunesses étaient critiquées aussi en leur temps. C’est souvent un habitué du club Le Lambi et de Couplé Cloué qui fait la leçon aux plus jeunes tombés dans le dévergondage. On a aussi tendance à oublier que ce sont les jeunes qui décident de l’avenir et avec raison car ce sont eux qui y vivront. Il leur revient donc de construire le monde qu’ils veulent pour eux et pour leurs enfants. Les moins âgés ont souvent des difficultés à comprendre que les générations s’expriment différemment à travers le temps ; si le rythme du rap peut leur (les moins jeunes) paraitre trop rapide pour faire passer un quelconque message, il est indéniable que les lettres d’un Blaze One, d’un Master J ou de BIC n’ont rien à envier aux chanteurs des temps passés. Et ces rappeurs s’expriment sur un rythme diffèrent, c’est parce que le monde change et par conséquent ses modes d’expressions aussi. Dans une réalité où tout va plus vite, les messages doivent se mettre au pas.
Il ne servira à rien de s’enfermer dans une comparaison entre générations. D’ailleurs, les jeunes d’aujourd’hui seront les vieux de demain. Et même si cela peut paraitre bizarre, ce sont les fans de Tony Mix qui critiqueront les modes de divertissement de demain, un habitué des « carwash » qui prêchera pour l’adoption de meurs plus saines. Le monde tourne et les pratiques tournent avec. Avec le temps, on oublie un peu de tout, même sa jeunesse qu’on croyait chérir plus que tout. Finalement, on change tous pour le mieux, pour nos enfants et pour l’avenir qu’on aimerait les voir construire.
C’est la raison pour laquelle à Xaragua Magazine, nous voulons encourager les jeunes à bouleverser ce monde pour créer la leur. Car à force d’y avoir vécu, les plus âgés finissent souvent par se résigner et à croire que les injustices et nos manquements doivent faire partie du paysage. Il n’y a pas de révolution ou de réforme sans jeunesse, il n’y a pas de monde meilleur non plus. Toutefois, il faudra songer qu’entre deux parties de Rabòday, les jeunes doivent prendre le temps de lire et de s’instruire aussi car c’est en se hissant sur les épaules des vieux qu’on construit un monde meilleur que la leur. Sans ce savoir, il est impossible de ne pas reproduire les erreurs de passés. Jeunesse, osez et osez encore ! Personne d’autre ne le fera à votre place.
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