Éditorial
Publication du 31 Janvier 2022
31 janvier 2022
L’ESPOIR EST ENCORE PERMIS
L’ESPOIR EST ENCORE PERMIS
En dépit des signaux négatifs ou contradictoires qui nous viennent de la patrie commune, nous avons encore de bonnes raisons d’espérer. De croire que les forces vives de la Nation finiront par trouver une issue favorable à la violence et aux drames qui détruisent à petit feu la société haïtienne : le chômage, l’analphabétisme, la pauvreté, l’insécurité, l’inexistence de soins de santé, etc. Au cours des rencontres tenues à Bâton-Rouge, en Louisiane, durant la troisième semaine de janvier, des représentants de larges secteurs de la vie nationale sont parvenus, avec les bons offices de la communauté internationale, à convenir d’une proposition assez réaliste de sortie de crise. Ils ont ainsi recommandé la mise en place d’un exécutif bicéphale; la désignation immédiate d’un président et d’un premier ministre de consensus; la mise en place d’un gouvernement de compromis où chacun ferait sa part en plaçant l’intérêt national au-dessus des querelles de partis.
À ces encourageantes déclarations d’intention se sont ajoutés dans les derniers jours du mois des actes concrets qui confortent notre optimisme, néanmoins prudent : la participation à une élection menée en toute indépendance par des protagonistes de bonne foi; le choix de deux candidats possédant un niveau raisonnable de compétences pour occuper les deux hautes fonctions en jeu : celle de président intérimaire, remportée par l’ancien gouverneur de la Banque centrale, Fritz Alphonse Jean qui s’est fait un nom sur la scène politique à partir de sa rampe de lancement de Sainte-Suzanne ; celle de premier ministre qui revient à l’ancien parlementaire Stevens Benoît, réputé pour un jugement équilibré, une intégrité jamais prise à défaut et un sens admirable du compromis. Deux bonnes nouvelles donc!
Avec le choix de ces deux personnalités à la tête de l’État, on est très loin des équipes dirigeantes formées de gens n’ayant aucun titre de compétence approprié, aucune expérience de la gestion de la chose publique, aucune vision de l’avenir de ce pays meurtri par des transitions qui n’en finissent pas. Bref, aucune aptitude à gérer un pays qui a besoin de leaders portés vers le dialogue, réputés pour leur moralité et capables à la fois de fermeté et de souplesse en toutes circonstances. Cela ne suffira pas, mais c’est le signe d’un bon départ. Mettons donc le cap sur l’avenir avec le sourire sur les lèvres et en gonflant nos muscles.
Plusieurs notes sombres sont toutefois venues s’ajouter au tableau global de cette fin de mois avec l’inondation du Parc Caracole dans le Grand Nord, les multiples secousses sismiques qui ont semé la terreur dans les Nippes et le Grand Sud, la persistance de l’insécurité dans la région métropolitaine de la Capitale. Sur la scène politique, les dernières dépêches de presse font état d’un certain refus du Sénat de cautionner la nomination de nouveau président et du premier ministre. Il faut souhaiter que ce différend sera de courte durée et qu’il en sorte un compromis honorable pour chacun et pour tous.
À ce carrefour de la vie nationale, nous avons déjà vu pire que cela. Et le pays s’est relevé chaque fois qu’on pensait qu’il avait touché le fond et qu’il ne remonterait pas à la surface. Ce qui inquiète le plus maintenant, c’est la hausse énorme du nombre de compatriotes qui déclarent, dans un sondage officiel, qu’ils sont disposés à quitter le pays. Avec Magali Comeau Denis, la diva d’Aquin, à la tête de la Commission pour la recherche d’une solution haïtienne à la crise, Xaragua Magazine se réjouit de voir le Grand Sud contribuer au plus haut niveau à la régénérescence qui s’annonce pour l’ensemble du pays.
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