Éditorial
Publication 30 Novembre 2019
30 novembre 2019
Xaragua et son plaidoyer en faveur de « l’éducation pour tous »
Xaragua et son plaidoyer en faveur de « l’éducation pour tous »
De la clameur de la foule, retentissant pêle-mêle dans toutes les directions, on a pu entendre résonner l’écho de sons audibles, mais quasi incompréhensibles pour plus d’un. Naturellement, dans une déduction logique découlant de conjonctures normales, Xaragua se dit avec raison que la cloche vient de sonner la fin des classes. Elle se reprend et réalise que les portes des écoles sont pourtant fermées depuis plusieurs mois. Elle comprend alors que les voix qui parvenaient à répétition à ses oreilles étaient celles non pas d’élèves revenant de l’école, mais plutôt celles d’hommes et de femmes appelant à un véritable changement et à des conditions de vie meilleures.
Alors songeuse, elle a une pensée spéciale pour les jeunes Xaraguayens et pour les jeunes Haïtiens en général à qui elle a tenté de prodiguer maints conseils depuis sa relance. Elle leur a, en effet, parlé de rêves et d’avenir, croyant en leur capacité à devenir meilleurs. Elle leur a montré la voie à suivre susceptible de leur garantir un bel avenir. Elle les a aussi incités à chercher de vrais modèles et à rejeter toutes formes de préjugés et de discriminations pour une société haïtienne juste et équitable. Mais, à présent, elle reste perplexe sur leur avenir puisque ces derniers se retrouvent, bien malgré eux, pris entre deux feux : celui des revendications populaires légitimes et celui de l’inaccessibilité au pain de l’instruction résultant des tumultes politiques. Alors, Xaragua se résout à présenter un plaidoyer en faveur de l’éducation pour TOUS, une éducation de qualité, à même de nous lancer une fois pour toute sur la voie du développement.
Malgré la campagne de sensibilisation faite à travers la Conférence mondiale sur l’Éducation pour tous, tenue en 1990 à Jomtien en Thaïlande par l’Organisation des Nations-Unies, en Haïti, comme dans de nombreux pays africains, le droit humain fondamental à l’éducation, pour bien trop d’enfants, n’est qu’un vœu pieux, une idée loin de devenir une réalité. Nous constatons malheureusement que l’Éducation pour tous, dans notre pays, est trop souvent restreinte au stade de programmes d'alphabétisation.
Loin de sous-estimer la valeur de tels programmes, nous savons qu’ils sont loin de refléter l’entièreté des objectifs poursuivis par l’initiative « l’Éducation pour tous ». Nous devrions nous évertuer plutôt à poursuivre un objectif de scolarisation de tous les élèves haïtiens et à leur permettre l’accès à une éducation de base, stade où l'on y apprend à lire, à écrire et à compter. Par ailleurs, il ne suffit pas seulement de donner accès à l’éducation, il importe surtout de s’assurer de sa qualité et de sa durée. Ce qui, en langage clair et simple, veut dire que tous les enfants ne doivent pas seulement être inscrits à l'école, mais qu’ils doivent pouvoir y aller sur une base régulière, sans interruption, et pouvoir achever leur scolarité et acquérir des compétences pour réussir leur vie personnelle et professionnelle.
Quand l’éducation est accessible ou améliorée dans certains cas, de nombreux autres domaines sont positivement affectés. L’éducation, en effet, aide à améliorer la santé publique, à protéger l’environnement et à en promouvoir le respect, à stimuler la croissance économique, à encourager la paix et elle contribue à l’éradication de la pauvreté et de la faim.
Des jeunes scolarisés transmettront un avenir meilleur à leur famille et à leur pays. Des jeunes plus éduqués feront montre d’un plus grand sens de responsabilité, seront plus à même de subvenir, de façon honnête, à leurs besoins et à ceux de leur famille; ils seront plus susceptibles de devenir des dirigeants capables de prendre de bonnes décisions, de voter des lois pour l’avancement de leur pays, de lutter en faveur d’un système de justice impartial, de résister à toutes tentatives de corruption, ou encore ils seront plus aptes à choisir leurs dirigeants de façon éclairée plutôt que sous la pression de manipulations de toutes sortes.
Qu’attendons-nous alors pour réaliser enfin que l’éducation est une clé, un passeport permettant aux citoyens de comprendre le monde qui les entoure et d'y évoluer le plus librement et intelligemment possible ? Qu’attendons-nous encore pour réaliser que l’Éducation pour tous constitue, particulièrement dans le cas d’Haïti, l’une des options, sinon la seule option viable, pour nous aider à sortir de notre état de pauvreté extrême ?
Une éducation de qualité se doit d’être placée au cœur d’un plan de développement pour Haïti. Il est temps que l’éducation cesse d’être une nécessité négligée et d’être traitée en parent pauvre. Un bon indicateur du virage nécessaire pour nous sortir de notre sous-développement chronique devrait être une décision étatique en faveur d’un pourcentage majeur du budget national réservé au secteur de l’éducation.
La cloche de l’urgence que fait retentir Xaragua Magazine invite tous les Haïtiens à prendre le pari de l’éducation et à s’engager individuellement et collectivement dans un plaidoyer en faveur de l’éducation comme principal vecteur de développement du pays.
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