Éditorial
Publication 30 Avril 2020
30 avril 2020
Au-delà des aspects négatifs de la Covid-19 !
Au-delà des aspects négatifs de la Covid-19 !
ous sommes à la fin du mois de février. Le temps semblait faire son bonhomme de chemin. Des activités professionnelles au train-train quotidien, tout donnait l’impression que le monde fonctionnait à merveille. Certains attendaient impatiemment la fin de l’hiver et d’autres baignaient déjà dans la planification des prochaines vacances d’été. Personne n’aurait pu imaginer que le monde allait connaître aussi rapidement le plus grand confinement jamais vécu à l’échelle planétaire. Il est vrai qu’on entendait déjà dans les nouvelles que la Chine, et plus spécialement la province de Wuhan, venait de connaître le pire moment de son existence, mais le commun des mortels ne s’en préoccupait guère. La majorité des états du monde étaient conscients que quelque chose se passait au-delà de leurs frontières, mais les dirigeants en faisaient le cadet de leurs soucis jusqu’au moment où ils commencèrent à réaliser qu’il n’était plus question uniquement de la Chine et que la mort, la grande faucheuse, avait commencé ses œuvres au sein de leur population.
La nouvelle de la découverte de ce virus qui semblait ne laisser aucune chance à ses premières victimes, nous a tous tirés de notre rêve individuel et égoïste. Plus les jours passaient, plus nous réalisions que le ciel nous était tombé sur la tête. Les rumeurs, de toutes sortes, de finalités et d’intentions diverses, ne tardèrent pas à envahir la toile. Partout et à tout moment, on ne parle que de cette pandémie de malheur qui allait bouleverser notre quotidien et, sans avertissement aucun, nous imposer une nouvelle mode de vie. Le mercure dans le baromètre mondial de l’inquiétude se mit à monter à un rythme exponentiel.
Ville après ville, région après région, pays après pays, continent après continent, le virus gagnait du terrain à une vitesse surprenante. Les chefs d’État et de Gouvernement multipliaient leur présence à la télé. On se demandait tous : Que se passe-t-il ? Est-ce bien vrai ? Comment est-ce possible ? Personne ne comprenait. On ne savait encore quel nom donner à ce fléau. Certains parlaient d’épidémie, d’autres de guerre biologique. Laquelle de ces deux théories est bien fondée ? Personne ne sait. Le saura- t-on un jour ? En attendant, il fallait combattre le mal. Mais comment? En changeant uniquement nos habitudes sociales ? Après une bonne période de tâtonnements s’expliquant par différents facteurs d’ordre social, culturel, économique et politique, dont nous nous vous faisons grâce des détails, les scientifiques et les politiciens ont fini par se mettre d’accord sur l’option du confinement et de la distanciation sociale comme la seule option viable pour la protection de la population mondiale et des personnes les plus vulnérables.
Des pays commencèrent par fermer leurs frontières terrestres, maritimes et spatiales. Se refermer sur soi-même, aux niveaux individuel et étatique, devint très vite le seul moyen de se protéger du satané virus. Le « sauve qui peut » sembla très vite faire la loi. La solidarité entre les nations commença à s’effriter. Et depuis, les pays délaissés à eux- mêmes pour la plupart, durent affronter la problématique de la mort de certains individus de leur population en nombre démesuré. Cette situation catastrophique était très tôt annonciatrice d’un nouvel ordre mondial à bien des égards. À titre d’exemple, l’Union Européenne pourrait exploser comme éventuelle conséquence de l’incapacité ou de la réaction égoïste des états ou de certains d’entre eux face à l’entraide que commande de telles situations d’urgence.
La population mondiale étant depuis au moins deux mois astreinte à respecter le confinement, dans toutes ses formes et ses nuances, un slogan fit très vite le tour de la planète, portant le même message indépendamment de la langue dans laquelle il est exprimé : « Rete Lakay ou, Restez chez vous, Stay Home, Quedarse en casa, ... ».
Partout dans le monde, les dirigeants commencèrent à prendre des décisions antipopulaires pour pousser leur population à respecter non seulement les consignes sanitaires, mais aussi les exigences et les protocoles établis dans une situation telle que celle qu’ajoutait la Covid-19 à leur lot de défis. Ainsi, d’autres termes, longtemps bannis du discours et de la littérature démocratique, allaient refaire leur apparition : Couvre-feu, état de siège, loi martiale…
Et, puisque Xaragua Magazine a toujours vécu, jusqu’à présent, connecté à la réalité de ses lecteurs et à celle de ses écrivains, nous étions tout de go entrés en confinement, dès la fin février, un peu pour exprimer, à notre façon, notre solidarité à ces derniers. Nous n’avons pas cependant cessé de réfléchir et d’être fidèles à notre mission. Et c’est justement ce qui explique que, après environ deux mois de silence et au moment où, partout dans le monde, on commence à parler de reprise, Xaragua a jugé bon de sortir de son confinement volontaire, pour vous exhorter à vous prêter à un exercice qui, nous le reconnaissons, peut se révéler ni évident, ni facile, ni sensé…
Au-delà de la kyrielle de tourments, de contrariétés de toutes sortes, de peines, de problèmes financiers et économiques qu’elle a charrié avec elle, la Covid-19 ou tout au moins la situation qu’elle nous a imposée depuis son apparition, ouvre sans aucun doute nos yeux sur bien des choses que nous devrions inscrire au chapitre des aspects positifs de cette catastrophe mondiale. Certains, et plus précisément celles et ceux qui sont restés dans la phase de colère contre ce qui nous arrive, prendront le contre-pied de notre thèse et iront jusqu’à nous condamner pour avoir osé tenir un discours teinté de positivisme dans un contexte de désastre flagrant. À ceux-là, nous présentons d’ores et déjà nos excuses et leur disons que nous reconnaissons qu’ils puissent avoir besoin de plus de temps pour se rendre là.
Et nous prenons volontiers à bord toutes celles et tous ceux qui voudront, avec nous, faire le voyage de l’après-confinement dans ce monde (nouveau) où désormais nous devrions plutôt nous battre pour des choses qui, pendant trop longtemps, étaient considérées non essentielles.
L’homme a cette faculté de s’adapter à toutes les situations et parfois même le fait de façon déconcertante. Beaucoup de gens qui menaient une vie trépidante ont vu, malgré eux, leur existence se réduire quasiment à un semi-emprisonnement. Limitation des sorties sauf en cas d’absolue nécessité, finie l’époque des grands rassemblements, fermeture obligée des écoles, des commerces non essentiels, télétravail, …. Le monde semble se redessiner, un nouveau monde semble se dessiner. Pour la première fois depuis des temps immémoriaux, les gens ont peur et s’enferment à double tour chez eux. Situation qui, entre autres, a permis un renforcement des liens familiaux et le retour à des habitudes familiales perdues depuis belle lurette… Enfin, de nombreux parents reconnaissent le rôle combien important des enseignants et des éducateurs dans la vie de leurs enfants. L’environnement dans son ensemble semble recommencer à respirer. On n’entend presque plus le ronronnement des grosses cylindrées, qui agressait nos tympans de jour et de nuit. Certains disent entendre désormais le chant des oiseaux le matin. En bien des endroits, un peu partout dans le monde, la faune et la flore largement martyrisées par des mains d’hommes semblent enfin avoir repris leur splendeur d’antan.
Dans cette publication de la fin Avril, période qui passera dans l’histoire comme le début du grand déconfinement mondial, nous, à Xaragua Magazine, nous nous recueillons avec respect devant toutes les victimes, reconnaissons la grande souffrance des familles touchées et leur présentons nos plus profondes sympathies. La vie devant continuer malgré tout, apprenons en tant qu’individus et en quant que collectivités à changer notre façon de vivre, de travailler, de socialiser et d’interagir avec les autres, d’exploiter la faune et la flore, tout cela dans une perspective de recherche modérée du bien-être individuel et collectif. Nous voulons enfin appeler votre pleine attention sur cet adage qui sans équivoque atteste que « Sous l’apparence d’un inconvénient, l’homme qui pense découvre un bienfait ».
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