Éditorial
Publication du 15 Novembre 2020
07 novembre 2020
Peut-on développer le Sud’Est sans le tourisme?
Situé dans la région occidentale de l'île d'Haïti, et placé au Sud-Est de la Péninsule de Tiburon, il s'étend entre la rivière des Côtes de Fer et le fleuve Pédernales qui marque sa frontière avec la République Dominicaine. Le département du Sud-Est est constitué de 10 communes et couvre une superficie de 2 034 km2. Baigné par la mer des Caraïbes, ce département, comme tant d’autres en Haïti, offre les potentiels adéquats qui permettraient un développement durable du pays et de la zone. Parmi les secteurs de développement, le tourisme est l’un des secteurs connus qui pourrait contribuer à sa croissance économique. Ayant comme chef lieu la ville de Jacmel, ce coin de terre renferme de nombreuses caractéristiques recherchées pour l’exploitation des divers concepts du tourisme mondial. D’où l’importance de se poser la question : Peut-on parler du développement de ce département sans un plan touristique adéquat.
Le choix de reconnaître ce secteur et le développer, parmi tant d’autres activités humaines, pourrait par ses impacts nombreux et variés avoir un effet catalyseur. Le tourisme durable, par sa contribution potentielle pourrait avoir des retombées sur la croissance économique et participer à la réduction de la pauvreté. Il pourrait aussi favoriser l’inclusion sociale, par une meilleure répartition des emplois, une accessibilité et une répartition plus équitable des ressources et un élargissement à une plus vaste participation de la population au tourisme.
Bien que l’attention portée au tourisme comme vecteur de lutte contre la pauvreté ne soit pas nouvelle, il pourrait travailler en synergie avec d’autres secteurs porteurs d’activités afin de porter des solutions innovatrices à notre économie, agonisante, en manque d’inspiration. Le tourisme est par ailleurs sollicité pour sa capacité à faire partager les valeurs et la diversité culturelles, ainsi qu’à faire connaître et reconnaître les patrimoines naturels et culturels. Quand on connaît les régions, les traditions, les individus, il est plus facile de s’y attacher et de vouloir les protéger. Attirer les consommateurs à découvrir leurs potentiels devrait être une priorité.
Étant un secteur transversal qui draine ou exige l’avancement d’autres secteurs pour son développement, le tourisme faciliterait un développement endogène de l’agriculture, l’énergie, l’emploi, l’éducation, la santé pour ne citer que cela. Tout de ce département pourrait faire l’objet d’un plan global axé sur ces richesses. De la montagne pour les sorties et les excursions en pleine nature, des ses côtes pour les baignades et les sports nautiques tant recherchés comme le surf, de ses monuments historiques « fort Ogé », ses sites naturels « Bassin bleu » la culture à travers son Carnaval et ses masques, tout pourrait attirer la grand foule et contribuer à son patrimoine touristique.
Tout en demeurant économiquement viable, il présente toujours un vif défi. De nombreux concepts pourraient être exploités et leurs applications amélioreraient nos offres et notre façon de faire pour un tourisme durable. L’élaboration de lois et règlements adéquats sont de mise. La protection des ressources environnementales, le respect de l’authenticité sociale et culturelle des communautés d’accueil, la contribution à la compréhension interculturelle et à la tolérance, ainsi qu’à la répartition équitable du bénéfice et pour toutes les parties prenantes pourraient être un grand atout.
Cet élargissement des préoccupations associées au tourisme, préoccupations au départ centrées sur l’environnement et qui englobent maintenant les aspects sociaux et politiques, se manifeste également sur le plan des recherches et des attentes.
Le tourisme implique en effet des déplacements, de la consommation, des aménagements, même minimaux, de ressources naturelles et culturelles. Les produits touristiques dépendent des ressources publiques et communes, telles que l’eau, les paysages, le climat, mais aussi les routes, les musées, les sites historiques. La production et la consommation des produits touristiques ne sont pas sans effets sur l’environnement économique, culturel, social et écologique, et ces effets peuvent être tant positifs que négatifs.
La question de concilier les intérêts de l’ensemble des acteurs d’un territoire pour développer une région autour d’une approche de développement durable conserve donc toute son acuité. Concilier les enjeux économiques, sociaux et environnementaux passe ainsi par une adaptation de l’offre, notamment par l’adaptation ou la transformation des infrastructures d’accueil, mais également par l’adaptation de la demande. Le développement durable offre la possibilité de développer un territoire à partir de nouvelles pratiques qui considèrent non seulement les impératifs économiques, mais respectent également les populations locales tout en cherchant à minimiser les effets du tourisme sur l’environnement. Cette démarche peut même faire l’objet d’un positionnement s’appuyant sur un marché où la commercialisation et les opérations durables constituent un avantage comparatif. D’autres sous concepts ont vu le jour. Écotourisme, agrotourisme, tourisme de proximité, tourisme alternatif pour ne citer que cela pourraient être exploités et constituer les points forts à son développement.
Xaragua Magazine, par ses prises de position, aimerait porter ses lecteurs à la réflexion profonde. L’heure du réveil a sonné. Nous devons agir et prendre les décisions qui s’imposent. Notre rôle prépondérant c’est de façonner, innover, travailler, améliorer et valoriser tout ce qui nous entoure pour rendre notre monde humainement habitable et vivable. L’heure à la réflexion a sonné et nous devons lutter pour ce secteur porteur d’espérance. N’étant pas le seul secteur de développement, nous encourageons nos compatriotes du Sud’Est à comprendre les enjeux, que les potentiels de leur zone pourraient porter comme valeur ajoutée à son expansion et à sa croissance économique durable par le Tourisme.
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